Page 45 - Les mémoires du curé du maquis Des Glières
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DE  GLIÈRES                   41
            je fais une distribution de cigarettes ...  cela délie les langues
            et un des miliciens s'offre  à  me  conduire  près  de  l'adjoint
            de  Lelong : le  Capitaine  Kum ...  ]'étais dans la place et le
            capitaine  Kum  ne  tardait  pas  à  m'introduire  auprès  de
             Lelong.
                 Celui-ci  après  m'avoir dit  que  j'avais des  paroissiens
             qui  étaient  bien  remuants,  m'exposa  que  l'opération  du
             lundi avait été dirigée contre le Groupe Lamouille et qu'elle
             avait fait  découvrir un camp beaucoup plus important du
             côté de Glières.  Le plus ennuyeux de l'affaire, c'est que la
             Gestapo  s'en  était  aperçu.  Lelong  me  pria  alors  de  bien
             vouloir all~r trouver les jeunes de Glières pour leur deman-
             der de disparaître pendant quelques temps. Je lui répondis
             que je vollJ,p.is bien me charger de cette mission ; mais que
             je ne pouvais le  faire  avant le lundi 14 ; Lelong acquiesca
             parce que les opérations ne devaient pas commencer avant
             la semaine suivante. Il me libéra alors mes deux jeunes sous
             ma garantie et c'est le  cœur joyeux que je les ramenais à
             leurs parents.
                 Il est donc prouvé que si le  groupe Lamouille n'avait
             pas existé,  et  n'avait surtout  pas attiré l'attention sur la
             région,  Glières n'aurait pas été découvert ce  jour-là  et les
             événements en auraient pu être changés. L'agitation incons-
             ciente  fait  parfois  porter  de  bien  lourdes  responsabilités.
                 Entre  temps,  à  Glières,  Tom  (lieutenant  Morel)  fu-
             rieux de voir que la Garde avait tiré sans sommation, avait
             blessé  Roger Broisat  et avait  fait  prisonniers  trois  de  ses
             hommes,  donnait lui  aussi  l'ordre  de  tirer sur la Garde si
             elle essayait de monter au Plateau, alors que les ordres pré-
             cédents étaient de ne pas tirer sur la Garde mais de toujours
             parlementer avec elle.  C'était l'amorce d'un,autre drame.
                 Le  vendredi  soir,  j'étais  très  surpris  de  voir  arriver
             plusieurs  pelotons  de  gardes.  Lelong  s'était-il  ravisé ? ...
             Que se passait-il ? ...  Il me fut impossible de le savoir ...
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