Page 37 - Les mémoires du curé du maquis Des Glières
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          protéger contre les  abus et  de  dénoncer  ceux  qui lui  por-
          taient  tort.  Au  reste  François  Merlin  n'était  pas  suspect
          pour la résistance.  Nous l'avons déjà vu. Il fut un des pre-
          miers à  donner asile  à  des  réfractaires.  Il avait favorisé  le
          ravitaillement du Maquis et m'avait été d'une aide précieu-
          se pour les fausses cartes.  Il avait été arrêté par la Gespato
          et détenu pendant un mois à  Montluc.
              En parfait  résistant,  il se  montra  à  la hauteur  de  sa
          tâche et décida,  pour protéger à la fois  sa commune et la
          résistance de prévenir la Préfecture et la Police. Avec Clair
          nous  continuions  de  chercher les  remèdes  nécessaires  à  la
          situation  qui  s'aggravait  de  jour en  jour,  et  nous  causait
          d'autant  plus  de  soucis,  nous  l'avons dit, que la constitu-
          tion du 3e camp de Glières était proche.
              Clair  partit aux  renseignements  et  il  lui  fut  répondu
          par les F.T.P. à ce moment-là que le  Groupe Lamouille ne
          faisait pas partie de leur Organisation. Il fut donc décidé de
          monter une expédition  pour le  mettre dans  l'impossibilité
          de nuire.  Je fis  pression alors pour qu'on évite toute effu-
          sion de sang et qu'on capture tout simplement les éléments
          du Groupe Lamouille pour les intégrer si possible  dans les
          différentes  trentaines  de  l'A.S.  Et c'est  ainsi que  pendant
          toute une nuit nous attendîmes avec le  Capitaine Clair les
          Groupes Francs de  Henry  Plantaz et de Simon chargés  de
          l'opération.  Mais  ce  fut  en  vain.  Le  lendemain  matin  le
          Maire  fut  prévenu  que  l'expédition  n'avait  pas eu  lieu  et
          c'est ainsi qu'il téléphona aux policiers jeudi soir 6 janvier
          que cc  La volaille  n'avait pas été  plumée 11.  Il avait  été en-
          tendu en effet que si la résistance ne faisait pas l'opèration
          la Police  s'en chargerait.  Mais  la police  avait insisté  pour
          que le maquis effectue lui-même le désarmement. Le même
          soir,  non  sans  avoir  failli  nous  tuer dans un  tête  à  queue
          sur  la  route  glacée  de  Saint-Jean-de-Sixt,  je  ramenais
          Clair au P.C. à Thônes et j'attendais les événements.
               Le  dimanche  9  janvier le  Capitaine  Clair était  de  re-
          tour  et  m'informait  que  l'opération  n'avait  pas  pu  avoir
          lieu  et  avait  été  décommandée  au  dernier moment parce
          que  les  F.T.P.  avaient  fait savoir qu'ils reconnaissaient le
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