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             11 faut, d’un autre côté, que le revêtement   staté plus d’une fois que, dans un incendie,
             soit assez élastique pour se prêter, sans se   des poutres placées dans le voisinage d’un
             rompre, aux dilatations qui résultent des   revêtement d’asphalte, au lieu de se con­
             changements de température.               sumer, s’étaient simplement carbonisées.
               On ne peut satisfaire à cette double exi­  En outre, lorsque la chaleur est assez in­
             gence qu’au moyen d’un expédient. On de­  tense pour ramollir l’asphalte, la poudre cal­
             mande la solidité à la couche superficielle   caire tombe, comme une pluie de cendres,
             (qui doit supporter directement la pression   au milieu des flammes, et contribue à les
             des meubles) et l’élasticité à la couche infé­  éteindre.
             rieure.                                      N’exigeant qu’une faible pente pour l’é­
               La quantité de mastic gras destinée à re­  coulement des eaux, les toitures en mastic
             couvrir un mètre carré de terrasse, est pré­  d’asphalte offriraient un avantage particulier
             parée avec les quantités suivantes de bitume   pour les constructions sur les toits desquelles
             libre, de mastic en pain et de menu gravier   on aurait à circuler fréquemment ; mais, en
             de rivière :                              raison de leur lourdeur (28 kilogrammes
                                                       par mètre carré, pour un toit de 12 milli­
                Bitume libre................................. 0 k11  600
                                                        mètres d’épaisseur), elles exigent des char­
                Mastic de Seyssel........................... 7  »
                Menu gravier................................. 4 »  pentes de bois de grandes dimensions, ou
                                                        tout au moins des charpentes de fer.
               La couche supérieure est formée de mas­    On établit la toiture asphaltique sur des
             tic maigre, dans lequel on a fait entrer une   voliges de bois recouvertes de gros papier
             forte quantité de gravier.                gris maintenu par des pointes. La feuille de
               On tourne quelquefois la difficulté autre­  papier interposée empêche le contact du
             ment. On emploie une couche unique de      mastic en fusion et des vapeurs d’eau qui, se
             mastic gras, sans se préoccuper de son peu de   dégageant sous l'influence de la chaleur,
             résistance, mais on rend ce défaut illusoire   viendraient crevasser la couche bitumi­
             en se servant de chaises et de tables en fer, à   neuse encore molle. On étend la couche as­
             pieds très-larges, que l’on construit aujour­  phaltique transversalement aux voliges.
             d’hui spécialement pour cet usage.        L’expérience a appris, en effet, que cette
               Quand on se propose de couler du mastic   couche, quand elle est appliquée dans le sens
             d’asphalte, non pas sur du bois, comme nous   de leurs arêtes, se fend plus facilement. On
             venons de le supposer, mais sur des maté­  donne à la couche d’asphalte une épaisseur
             riaux moins flexibles, lorsque la terrasse,   de 1 centimètre à peu près et une pente de
             par exemple, est construite en fer ou en bri­  2 à 3 centimètres par mètre.
             ques, la tâche est singulièrement simplifiée,   On se sert souvent de l’asphalte pour pré­
             car toutes les précautions dont nous avons   server de l’humidité les fondations des mai­
             parlé n’ont plus de raison d’être.        sons bâties sur des terrains aqueux. L’inter­
               Les revêtements d’asphalte sur les ter­  position de cette matière hydrofuge arrête
            rasses, comme sur les toits, jouissent d’une   l’ascension capillaire de l’eau du terrain dans
            propriété à laquelle on était loin de s’atten­  les pierres ou les briques des édifices. On
            dre : ils peuvent retarder le développement   applique ce mastic entre deux des assises des
            d’un incendie. En effet, dans le cas d’un in­  fondations, et quelquefois entre le niveau
            cendie, le bitume forme une masse compacte   du sol et le plancher du rez-de-chaussée.
            qui, d’un côté au moins, empêche l’accès de
            l’air vers le foyer de la combustion. On a con­
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