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62 i-                 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

                 que rendent les poêles dans nos pays. Dans   la glace, qui n’est composée que d’eau pure,
                 l’Amérique du Sud, dans les Indes, en Afri­  et en recueillant l’eau provenant de la fu­
                 que, partout où on les installerait,le bien-être   sion de cette glace, on aurait de l’eau ex­
                 s'accroîtrait d’une manière sensible ; beau­  cellente pour la boisson.
                 coup de maladies disparaîtraient, et le sé­  Dans les établissements où, comme à Vi­
                 jour dans ces régions ne serait pas aussi   chy, on extrait des eaux minérales les sels
                 désastreux qu’il l’est habituellement aux   qui leur donnent leurs propriétés médici­
                 Européens que leurs intérêts y conduisent.  nales, ce même procédé de concentration
                   Dans les navigations maritimes, les appa­  par le froid donnerait d’excellents résultats.
                 reils réfrigérants reçoivent aujourd’hui     Une des plus importantes applications in­
                 quelques applications. Ils servent d’abord à   dustrielles des appareils réfrigérants de
                 fournir aux marins des quantités de glace   M. Carré, a été faite au traitement des eaux
                 suffisantes pour alléger leurs souffrances   mères du sel marin, pour l’extraction di­
                 pendant les longs séjours sous le ciel des   recte des sels de potasse, dans les établisse­
                 tropiques. Ils pourraient, en outre, leur   ments salins de MM. Henri Merle et Cie.
                 fournir de l’eau douce plus rapidement et    M. Michel Chevalier, en appréciant d’une
                 à moins de frais que la distillation. Expli­  manière générale, dans son Introduction
                 quons-nous.                               aux rapports du Jury de l’Exposition uni­
                   Il serait plus économique, à bord des    verselle de 1867, les perfectionnements les
                 navires, de se procurer de l’eau pure des­  plus marquants qui se rattachent à la chimie
                 tinée à la boisson et aux usages domesti­  et à la physique, s’exprime ainsi à propos
                 ques au moyen de la congélation de l’eau,   de l’application des appareils réfrigérants
                 qu’en ayant recours aux appareils et cuisines   à l’industrie des marais salants du midi de
                 distillatoiresde nos bâtiments actuels. Nous   la France :
                 avons dit dans la Notice sur l’Eau, que
                 lorsqu’on fait congeler l’eau de la mer,    « Le carbonate et le sulfate de soude, que la tein­
                                                           ture et d’autres arls chimiques consomment dans
                 l’eau se solidifie seule, et que les sels so­
                                                           une multitude de cas, sont au moment d’éprouver
                 lubles contenus dans cette eau, n’existent   une baisse très-sensible par l’application de la ma­
                 point dans les glaçons que l’on en retire.   chine à faire de la glace de M. Carré. Cette machine
                                                           fournit le moyen d’extraire facilement des eaux de
                 Sous l’influence d’un froid de plusieurs de­
                                                           la mer le sulfate de soude qui s’y trouve tout formé,
                 grés au-dessous de zéro, l’eau de mer se   et qui, dans l’état actuel de l’industrie, est la ma­
                 partage en deux parties : l’une qui se con­  tière première du carbonate, dont l’emploi est plus
                 gèle, c’est l’eau pure ; l’autre qui résiste   étendu. Par le même procédé, on dérobe à la mer
                                                           différents sels de potasse, du chlorhydrate notam­
                 à la congélation, c’est une dissolution très-
                                                           ment. Cette dernière production ne sera pas un
                 concentrée des sels renfermés dans cette   petitservicerenduà l’industrie en général. La potasse
                 eau. Ce procédé, naturel, pour ainsi dire,   s’obtenait, jusqu’à ce jour, par le lavage des cendres
                                                           de bois. Dans les pays primitifs, où les forêts abon­
                 est depuis longtemps en usage dans les
                                                           dent, où le bois est sans valeur s’il n’est un obstacle,
                 salines des pays septentrionaux, pour obte­  on incendiait les forêts pour retirer des cendres la
                 nir, sans frais, la concentration de l’eau   potasse. Maintenant les forêts primitives commen-
                                                           centàmanquer ouà ne plusse présenter que dans des
                 de mer destinée à fournir du sel marin.
                                                           régions inaccessibles. La potasse, matière à tant
                 Les appareils frigorifiques pourraient ser­  d’opérations, menaçait de nous faire défaut. L’in­
                 vir à cette opération, dans la vue d’obte­  vention de M. Carré vient à point pour retirer à peu
                 nir de l’eau douce à bord des navires. Sou­  de frais la proportion de potasse que renferme l’onde
                                                           amère. Cette proportion est toute petite; mais
                 mise à l'action d’un appareil réfrigérant,
                                                           comme le réservoir qui la contient est inépuisable,
                 l’eau de mer se congèlerait. On retirerait   un approvisionnement suffisant de potasse est as-
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