Page 623 - Les merveilles de l'industrie T3 Web
P. 623
62 i- MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
que rendent les poêles dans nos pays. Dans la glace, qui n’est composée que d’eau pure,
l’Amérique du Sud, dans les Indes, en Afri et en recueillant l’eau provenant de la fu
que, partout où on les installerait,le bien-être sion de cette glace, on aurait de l’eau ex
s'accroîtrait d’une manière sensible ; beau cellente pour la boisson.
coup de maladies disparaîtraient, et le sé Dans les établissements où, comme à Vi
jour dans ces régions ne serait pas aussi chy, on extrait des eaux minérales les sels
désastreux qu’il l’est habituellement aux qui leur donnent leurs propriétés médici
Européens que leurs intérêts y conduisent. nales, ce même procédé de concentration
Dans les navigations maritimes, les appa par le froid donnerait d’excellents résultats.
reils réfrigérants reçoivent aujourd’hui Une des plus importantes applications in
quelques applications. Ils servent d’abord à dustrielles des appareils réfrigérants de
fournir aux marins des quantités de glace M. Carré, a été faite au traitement des eaux
suffisantes pour alléger leurs souffrances mères du sel marin, pour l’extraction di
pendant les longs séjours sous le ciel des recte des sels de potasse, dans les établisse
tropiques. Ils pourraient, en outre, leur ments salins de MM. Henri Merle et Cie.
fournir de l’eau douce plus rapidement et M. Michel Chevalier, en appréciant d’une
à moins de frais que la distillation. Expli manière générale, dans son Introduction
quons-nous. aux rapports du Jury de l’Exposition uni
Il serait plus économique, à bord des verselle de 1867, les perfectionnements les
navires, de se procurer de l’eau pure des plus marquants qui se rattachent à la chimie
tinée à la boisson et aux usages domesti et à la physique, s’exprime ainsi à propos
ques au moyen de la congélation de l’eau, de l’application des appareils réfrigérants
qu’en ayant recours aux appareils et cuisines à l’industrie des marais salants du midi de
distillatoiresde nos bâtiments actuels. Nous la France :
avons dit dans la Notice sur l’Eau, que
lorsqu’on fait congeler l’eau de la mer, « Le carbonate et le sulfate de soude, que la tein
ture et d’autres arls chimiques consomment dans
l’eau se solidifie seule, et que les sels so
une multitude de cas, sont au moment d’éprouver
lubles contenus dans cette eau, n’existent une baisse très-sensible par l’application de la ma
point dans les glaçons que l’on en retire. chine à faire de la glace de M. Carré. Cette machine
fournit le moyen d’extraire facilement des eaux de
Sous l’influence d’un froid de plusieurs de
la mer le sulfate de soude qui s’y trouve tout formé,
grés au-dessous de zéro, l’eau de mer se et qui, dans l’état actuel de l’industrie, est la ma
partage en deux parties : l’une qui se con tière première du carbonate, dont l’emploi est plus
gèle, c’est l’eau pure ; l’autre qui résiste étendu. Par le même procédé, on dérobe à la mer
différents sels de potasse, du chlorhydrate notam
à la congélation, c’est une dissolution très-
ment. Cette dernière production ne sera pas un
concentrée des sels renfermés dans cette petitservicerenduà l’industrie en général. La potasse
eau. Ce procédé, naturel, pour ainsi dire, s’obtenait, jusqu’à ce jour, par le lavage des cendres
de bois. Dans les pays primitifs, où les forêts abon
est depuis longtemps en usage dans les
dent, où le bois est sans valeur s’il n’est un obstacle,
salines des pays septentrionaux, pour obte on incendiait les forêts pour retirer des cendres la
nir, sans frais, la concentration de l’eau potasse. Maintenant les forêts primitives commen-
centàmanquer ouà ne plusse présenter que dans des
de mer destinée à fournir du sel marin.
régions inaccessibles. La potasse, matière à tant
Les appareils frigorifiques pourraient ser d’opérations, menaçait de nous faire défaut. L’in
vir à cette opération, dans la vue d’obte vention de M. Carré vient à point pour retirer à peu
nir de l’eau douce à bord des navires. Sou de frais la proportion de potasse que renferme l’onde
amère. Cette proportion est toute petite; mais
mise à l'action d’un appareil réfrigérant,
comme le réservoir qui la contient est inépuisable,
l’eau de mer se congèlerait. On retirerait un approvisionnement suffisant de potasse est as-