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LE FROID ARTIFICIEL 62 i

L’éthcr gazeux reprend la forme liquide Ce même air froid est aussi utilisé en le
sous la double action d’une pression de 8 at­ faisant circuler dans des conduits disposés
mosphères et du froid relatif du bain comme pour la circulation de l’éther et
extérieur. Sous cet état, il repasse dans le celle de la dissolution de chlorure de cal­
frigorifère, pour s’y vaporiser de nouveau, cium.
et ainsi de suite. La disposition que nous venons de décrire
La seconde circulation est celle du chlo­ permet donc d’obtenir du froid au moyen
rure de calcium. La dissolution de ce sel de courants liquides et aériens, et de main­
est mise en mouvement au moyen d’une tenir cette basse température dans des
pompe; elle traverse le système tubulaire espaces où on doit expérimenter l’action de
du frigorifère, pour céder à l’éther la cha­ l’air froid sur les substances putrescibles.
leur qui doit le volatiser. Cette solution Des expériences ont été faites, en 1874-,
refroidie est répandue, par des conduits, avec cet appareil, par une Commission de
partout où le froid est nécessaire. La plus l’Académie des sciences de Paris, à l’usine
grande partie de ce liquide se rend dans un d’Auteuil, sur des matières putrescibles
réservoir divisé en plusieurs compartiments, soumises à l’action continue d’une atmo­
à parois en tôle de 1 millimètre d’épais­ sphère froide, produite et entretenue ainsi
seur, et entre lesquels l’air peut circuler.JLa qu’on vient de le dire.
liqueur froide arrive ensuite dans un autre Ces matières étaient des viandes de bou­
réservoir qui enveloppe le frigorifère, et où il cherie, des volailles, du gibier et des crus­
est refoulé par la pompe. Là il se refroidit de tacés. Introduites dans la chambre froide,
nouveau, pour reprendre son premier trajet. elles y sont restées exemptes de toute pu­
Pour distribuer le froid à distance du tréfaction. Quand la fermentation putride
frigorifère, M. Ch. Tellier fait encore usage avait commencé, elle s’arrêtait immédiate­
d’un ventilateur, qui dirige un courant ment sous l’influence du froid.
d’air entre les compartiments du réservoir La viande de boucherie, placée dans ces
où se trouve la solution refroidie de chlo­ conditions, conserve son odeur et son aspect
rure de calcium, c’est-à-dire sur des sur­ de fraîcheur. Au bout de quelques jours de
faces métalliques maintenues à 8 ou 10° au- séjour dans la chambre froide, elle prend
dessous de zéro. En passant sur ces sur­ une teinte plus sombre et subit une dessic­
faces, l’air ne prend que la température cation superficielle ; mais si l’on enlève la
de zéro. On fait varier le courant à volonté, couche très-mince et plus sèche que le reste,
si l’on veut éviter un trop grand froid. la couleur de la viande fraîche reparaît.
11 est bon de faire remarquer, en effet, La dessiccation des graisses s’opère éga­
que la viande gelée se décompose très-rapi­ lement à la surface, sans acquérir l’odeur
dement. de rance.
L’eau contenue dans l’air, étant refroidie On doit faire observer que les viandes
sur les plaques des compartiments du réser­ soumises au froid éprouvent une diminution
voir, s’y dépose sous forme de givre. Cet de poids. Cela s’explique par la perte d’une
air est ainsi purifié d’une grande partie J certaine proportion d’eau, due à l’évapora­
des germes qu’il tient en suspension. L’air tion. Au bout d’un mois, cette perte est de
froid et en partie purifié constitue l’atmo­ 10 pour 100. Ensuite, la perte diminue et
sphère du local dans lequel on veut soumet­ finit par être très-faible. Au bout de huit
tre les substances putrescibles à l’influence mois, la chair est encore assez humide pour
du froid. conserver de la souplesse.