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LES ALLUMETTES CHIMIQUES.                               589


          2° Pour les frottoirs :                 c’est le phosphore rouge qui entrait dans leur
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        Bichromate de potasse................................ 2 à 4 p.
        Sulfure d’antimoine......................................... 2  avantages propres au phosphore rouge, tant
        Oxyde de fer.................................................. 4à6p.  pour le consommateur que pour l’ouvrier
        Verre pulvérisé................................................  2  employé à leur fabrication, se retrouvaient
        Gélatine........................................................ 2 à 3 p.
                                                  dans cette disposition spéciale. Elles présen­
          D’autres préparations sont employées pour   taient moins de sécurité sous le rapport des
        les allumettes au phosphore rouge par B.   chances d’incendies que les allumettes sué­
        Forster et Wara, de Vienne. Le phosphore est   doises. Un danger certain serait résulté, en
        mélangé à la pâte inflammable; le bout du   effet, du contact et du frottement de plu­
        bois qui est recouvert prend feu par le frot­  sieurs allumettes mises en sens inverse dans
        tement sur une surface quelconque. Bien   une boîte ou en paquet : des allumettes ou
                                                  des paquets placés bout à bout, phosphore
        qu’elles renferment du chlorate de potasse,
        ces allumettes s’enflamment sans bruit.   contre phosphore, ou pâte contre pâte, au­
          Allumettes androgynes. — Les inventeurs   raient pu s’enflammer par le frottement.
                                                    MM. Bombes-Devilliers et Dalemagne, à
        de l’allumette androgyne s’étaient proposé
        de parer à l’inconvénient que présente, au   qui l’on doit l’idée de ce système, ont renoncé
        point de vue des habitudes du public, la sépa­  à l’exploitation privilégiée que leur assurait
                                                  leur prise de brevet; ils ont déclaré en
        ration du frottoir et de la pâte inflammable.
        Voulant « produire du feu en tous lieux, sans   abandonner à chacun la libre fabrication.
        le secours d’aucun accessoire, » MM. Bom-   Mais personne n’a profité de la licence.
                                                    Allumettes sans phosphore. — Il devient
        bes-Devilliers et Dalemagne imaginèrent
                                                  évident, d’après ce qui précède, que le
        d’appliquer le phosphore amorphe à l’une
                                                  problème de la fabrication d’allumettes inof­
        des extrémités de l'allumette, et la pâte in­
        flammable à l’autre extrémité. Pour avoir   fensives, en ce qui concerne au moins l’ac­
                                                  tion toxique, ne pouvait être résolu que par
        du feu, il fallait rompre cette allumette vers
                                                  l’entière suppression du phosphore, blanc ou
        les deux tiers de sa longueur, de manière que
        le morceau le plus court fût celui qui était   rouge, dans la composition des allumettes.
                                                  Cette solution radicale du problème fut réa­
        garni de phosphore, d’en rapprocher les
        deux extrémités et de les frotter l’une contre   lisée en 1857, par un fabricant, M. Canouil,
                                                  qui réussit à préparer d’excellents produits
        l’autre. C’est Jobard qui baptisa ces allu­
                                                  sans faire aucun emploi du phosphore. D’a­
        mettes du nom d’androgynes, voulant dire
        par là, « qu’elles sont capables de se fécon­  près un rapport de M. Poggiale à l’Académie
                                                  de médecine, on aurait avant M. Canouil
        der elles-mêmes. » On aurait pu trouver une
                                                  essayé, dans les ateliers de madame Merckel,
        qualification plus juste. Le nom A'allumettes
        Hias, c’est-à-dire qui portent tout avec elles,   à Paris, de préparer des allumettes à friction,
                                                  entièrement exemptes de phosphore. On les
        valait mieux.
                                                  désignait alors sous le nom A'allumettes Con-
          La pâte inflammable était ainsi composée :
                                                  grèves ou électriques ; mais cette tentative
           2 parties de chlorate de potasse,      n’aurait pas eu de suites sérieuses.
            1 partie de charbon pulvérisé,
            1 partie de terre d’ombre et de colle de peau.
                                                    « Avant l’emploi du phosphore, dit M. Poggiale,
                                                  on préparait, à Paris, des allumettes à friction,
          Les allumettes androgynes présentaient,
                                                  d’après la formule suivante due à madame Merckel :
        sous le rapport de l’hygiène, les mèmesavan-
        tages que les allumettes suédoises. En effet,   42 parties de chlorate de potasse ;
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