Page 588 - Les merveilles de l'industrie T3 Web
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LES ALLUMETTES CHIMIQUES. 589
2° Pour les frottoirs : c’est le phosphore rouge qui entrait dans leur
composition, et il va sans dire que tous les
Bichromate de potasse................................ 2 à 4 p.
Sulfure d’antimoine......................................... 2 avantages propres au phosphore rouge, tant
Oxyde de fer.................................................. 4à6p. pour le consommateur que pour l’ouvrier
Verre pulvérisé................................................ 2 employé à leur fabrication, se retrouvaient
Gélatine........................................................ 2 à 3 p.
dans cette disposition spéciale. Elles présen
D’autres préparations sont employées pour taient moins de sécurité sous le rapport des
les allumettes au phosphore rouge par B. chances d’incendies que les allumettes sué
Forster et Wara, de Vienne. Le phosphore est doises. Un danger certain serait résulté, en
mélangé à la pâte inflammable; le bout du effet, du contact et du frottement de plu
bois qui est recouvert prend feu par le frot sieurs allumettes mises en sens inverse dans
tement sur une surface quelconque. Bien une boîte ou en paquet : des allumettes ou
des paquets placés bout à bout, phosphore
qu’elles renferment du chlorate de potasse,
ces allumettes s’enflamment sans bruit. contre phosphore, ou pâte contre pâte, au
Allumettes androgynes. — Les inventeurs raient pu s’enflammer par le frottement.
MM. Bombes-Devilliers et Dalemagne, à
de l’allumette androgyne s’étaient proposé
de parer à l’inconvénient que présente, au qui l’on doit l’idée de ce système, ont renoncé
point de vue des habitudes du public, la sépa à l’exploitation privilégiée que leur assurait
leur prise de brevet; ils ont déclaré en
ration du frottoir et de la pâte inflammable.
Voulant « produire du feu en tous lieux, sans abandonner à chacun la libre fabrication.
le secours d’aucun accessoire, » MM. Bom- Mais personne n’a profité de la licence.
Allumettes sans phosphore. — Il devient
bes-Devilliers et Dalemagne imaginèrent
évident, d’après ce qui précède, que le
d’appliquer le phosphore amorphe à l’une
problème de la fabrication d’allumettes inof
des extrémités de l'allumette, et la pâte in
flammable à l’autre extrémité. Pour avoir fensives, en ce qui concerne au moins l’ac
tion toxique, ne pouvait être résolu que par
du feu, il fallait rompre cette allumette vers
l’entière suppression du phosphore, blanc ou
les deux tiers de sa longueur, de manière que
le morceau le plus court fût celui qui était rouge, dans la composition des allumettes.
Cette solution radicale du problème fut réa
garni de phosphore, d’en rapprocher les
deux extrémités et de les frotter l’une contre lisée en 1857, par un fabricant, M. Canouil,
qui réussit à préparer d’excellents produits
l’autre. C’est Jobard qui baptisa ces allu
sans faire aucun emploi du phosphore. D’a
mettes du nom d’androgynes, voulant dire
par là, « qu’elles sont capables de se fécon près un rapport de M. Poggiale à l’Académie
de médecine, on aurait avant M. Canouil
der elles-mêmes. » On aurait pu trouver une
essayé, dans les ateliers de madame Merckel,
qualification plus juste. Le nom A'allumettes
Hias, c’est-à-dire qui portent tout avec elles, à Paris, de préparer des allumettes à friction,
entièrement exemptes de phosphore. On les
valait mieux.
désignait alors sous le nom A'allumettes Con-
La pâte inflammable était ainsi composée :
grèves ou électriques ; mais cette tentative
2 parties de chlorate de potasse, n’aurait pas eu de suites sérieuses.
1 partie de charbon pulvérisé,
1 partie de terre d’ombre et de colle de peau.
« Avant l’emploi du phosphore, dit M. Poggiale,
on préparait, à Paris, des allumettes à friction,
Les allumettes androgynes présentaient,
d’après la formule suivante due à madame Merckel :
sous le rapport de l’hygiène, les mèmesavan-
tages que les allumettes suédoises. En effet, 42 parties de chlorate de potasse ;