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586 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

mélange. L'acide hypophosphorique altère maniées, les incendies occasionnés par des
donc plus ou moins l’atmosphère des ateliers enfants qu’on a laissés jouer avec ces allu­
où l’on manie le phosphore et les pâtes et mettes, sont assurément des inconvénients
ceux dans lesquels on démonte les châssis graves ; mais c’est là un danger prévu, à peu
garnis d’allumettes. près inévitable et qui résulte des propriétés
Les accidents qui surviennent dans ces cir­ mêmes de l’objet. Cet admirable avantage
constances ont été caractérisés par le doc­ que présente l’allumette chimique de nous
teur de Langenhagen de lamanière suivante : fournir instantanément du feu, qualité qui
a été si longtemps désirée par les consom­
« J’ai quelquefois occasion d’observer dans ma
mateurs, doit nécessairement devenir péril­
pratique particulière, ou en visitant les ateliers, les
altérations suivantes : peu de mâchoires parfaitement leuse dans quelques circonstances. Il n’est
saines (2 sur 12), les dents qui les garnissent, sur­ aucun moyen absolu d’éviter un tel inconvé­
tout les incisives inférieures, sont caractérisées par nient, et il serait aussi puéril de souhaiter
la présence simultanée de deux teintes bien dis­
tinctes, séparées par un sillon : l’une supérieure, des allumettes n’exposant à aucune chance
blanche, accuse l’intégrité de l’émail; l’autre infé­ d’incendie, que de demander aux instruments
rieure, d’un jaune mat et d’aspect légèrement ru­ tranchants et aux armes à feu de ne point
gueux, témoigne, au contraire, de sa destruction.
Les gencives sont gonflées, facilement saignantes, blesser, ou de ne blesser que dans tel ou tel
et détruites en partie là où, à l’état normal, elles cas. Le reproche relatif aux chances d’in­
chaussent encore les dents avant leur implantation cendie nous paraît donc beaucoup moins
dans l’alvéole : les caractères sont tellement constants
grave que celui qui se rapporte à leur pro­
et identiques chez chaque sujet, qu’ils sont patho­
gnomoniques de la profession qui y donne lieu. priété vénéneuse.
Il est évident que le seul moyen d’atténuer
Les maladies auxquelles sont exposés les les dangers des allumettes chimiques, serait
ouvriers chimiqueurs, sont considérable­ d’en bannir entièrement le phosphore, ou,
ment diminuées par les interruptions que tout au moins, de faire usage du phosphore
cause le travail des monteurs de châssis. rouge, ou amorphe, qui est exempt de toutes
Pendant ces moments de repos, les ouvriers propriétés toxiques. C’est ce qu’ont tenté
peuvent sortir pour prendre l’air et se met­ divers fabricants. Mais le succès n’a pas
tre à l’abri des émanations phosphoreuses. malheureusement été à la hauteur de leurs
D’ailleurs, le chimiquage cesse au moins deux vues humanitaires. Nous consacrerons le
heures avant les autres travaux, parce que dernier chapitre de cette Notice à décrire
les châssis pleins d’allumettes ne doivent pas la fabrication des allumettes dites hygiéni­
séjourner dans l’étuve pendant la nuit, et ques, dans lesquelles le phosphore rouge, ou
l'on cesse de les y mettre assez longtemps amorphe, remplace le phosphore ordinaire.
avant la fin du jour.
Ainsi les étuveurs et les metteurs en boîtes
travaillent plus longtemps que les autres ou­
vriers, et la température qu’ils supportent est CHAPITRE X
assez élevée ; c’est pour cela qu’ils sont plus
LES ALLUMETTES HYGIÉNIQUES. — LES ALLUMETTES SUÉ­
exposés aux nécroses.
DOISES ET LES ALLUMETTES SANS PHOSPHORE NI POISON
Le troisième reproche que nous avons DE M. CANOUIL. — AUTRES ALLUMETTES HYGIÉNIQUES..
énoncé, c’est-à-dire le danger des allumettes
chimiques relativement à l’incendie, a moins Les nombreux produits qui ont été présen­
de gravité. Les accidents auxquels exposent tés au public, depuis l’invention de l’allu­
les allumettes chimiques imprudemment mette chimique, comme propres à dimi­