Page 546 - Les merveilles de l'industrie T3 Web

LE PHOSPHORE. 547

Dans J’oxygène, la combustion du phos­ on n’observe aucune lueur phosphorescente.
phore est très-vive, la flamme est excessive­ Mais si l’on soulève le tube au-dessus du
ment brillante. En brûlant dans l’oxygène, bain de mercure, ce qui diminue la pression
comme lorsqu’il brûle à l’air, le phosphore à laquelle est soumis l’oxygène, on voit les
produit des fumées abondantes, blanches, lueurs se manifester, lorsque la pression in­
composées d’acide phosphorique anhydre. térieure du gaz n’est environ que le cin­
Cette combustion se fait aussi sous l’eau avec quième de celle de l’atmosphère. Si l’on re-
du phosphore fondu si l’on met le phosphore roidit le tube, à cet instant, les lueurs ne se
en contact avec un courant d’oxvgène. manifestent plus ; mais elles reparaissent si
L’oxydation lente du phosphore à l’air l’on chauffe le tube simplement avec la main.
s’accompagne, dans l’obscurité, d’une mani­ A la pression ordinaire de 0ra,76 et à la
festation lumineuse ; des vapeurs blanches température de -|- 27°, le phosphore n’ab­
se dégagent et il se forme de l’ozone. sorbe pas l’oxygène, même au bout de vingt-
Si l’on opère dans l’air sec, l’oxydation quatre heures ; mais si on fait descendre la
s’arrête au bout de peu de temps, à cause de pression à 10 ou 6 centimètres de mercure,
la formation d’une légère couche d’acide le phosphore devient lumineux et brûle.
phosphorique anhydre ; mais s’il existe de Cet effet se produit encore si l’on mélange
l’humidité, l'acide phosphorique se dissout un autre gaz à l’oxygène ; c’est pour cela
et l’oxydation continue tant que l’oxygène ne que le phosphore brûle lentement à l’air, et
manque pas. que, dans une atmosphère d’air limitée, il
Le phosphore peut s’enflammer spontané­ finit par s’emparer de tout l’oxygène.
ment à l’air, lorsqu’il est dans un grand Ainsi, on peut provoquer l’apparition des
état de division. lueurs dans l’oxygène en introduisant dans
A la température ordinaire, à partir de ce gaz de l’azote ou de l’hydrogène ; c’est
0°, le phosphore luit à l’air. Si on abaisse sa comme si on diminuait la pression à laquelle
température à — 6°, il n’y a plus de il est soumis.
lueurs, mais les fumées blanches persistent. Le résultat de l’oxydation lente du phos­
Dans l’oxygène pur et sous la pression phore à l’air humide, est un mélange d’aci­
atmosphérique ordinaire, le phosphore ne des phosphoreux et phosphorique.
s’oxyde pas et ne donne pas de lueurs, tant Le phosphore en contact avec le chlore
que la température ne dépasse pas + 20°. s’enflamme, et produit du perchlorure de
Mais il s’oxyde au-dessus de ce point. phosphore. Sa combinaison avec le brome
Pour observer les lueurs du phosphore s’effectue violemment. 11 se combine direc­
dans l’oxygène, il est nécessaire de ramener tement avec l’iode, sous l’influence d’une
la pression de ce gaz à ce qu’elle est dans faible chaleur.
l’air, c’est-à-dire au cinquième de la pression Le phosphore et le soufre se combinent
ordinaire. On fait cette expérience avec uti en laissant dégager une si grande quantité
long tube plein d’oxygène qui renferme un de chaleur, qu’il y a souvent explosion.
bâton de phosphore, et que l’on peut plonger On comprend, d’après ce qui vient d’être
plus ou moins profondément dans la cuve à dit, que, pour conserver le phosphore, on
mercure, de manière à faire varier la pres­ doive le tenir dans de l’eau qu’on a privée
sion du gaz. Quand le niveau du mercure d’air en la faisant bouillir. On conserve les
dans le tube est le même que celui du bain, flacons pleins de phosphore et d’eau dans
c’est-à-dire quand la pression de l’oxygène des boîtes en fer-blanc ou dans des barils
du tube est égale à celle de l’atmosphère, remplis d’eau.