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542                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE


                       débouchent par l’allonge L, et un tuyau     La théorie indique que le rendement de
                       commun N, en haut du récipient. Elles pé­  l’opération en phosphore, doit être de 12 à
                       nètrent d’abord dans la deuxième chambre,   15 pour 100, en opérant sur un mélange
                       I, ensuite dans la première, H, puis dans   de phosphate acide de chaux avec 30 ou 33
                       la troisième, T. Chacune de ces cham­     pour 100 de charbon. Mais le rendement
                      bres du récipient contient de l’eau, dans   moyen en phosphore pur n’est que de 8
                       laquelle se condense le phosphore ; tandis   pour 100 d’après Fleck, et de 8 à 10 pour 100
                      que les gaz, trouvant une issue latérale, T se   d’après Payen.
                      dégagent au dehors et s’enflamment spon­     Quand la distillation est terminée, la cor­
                      tanément à l’air.                          nue contient une masse noire et pulvéru­
                        On évite la fracture des cornues en les   lente, composée d’un mélange de charbon
                      chauffant lentement et progressivement.   et de phosphate de chaux neutre. On pour­
                      Après quelques heures de chauffe, lorsque la   rait songer à traiter de nouveau ce résidu
                      température est celle du rouge-blanc, l’ou­  par l’acide sulfurique, pour recommencer
                      verture T des condenseurs, laisse voir une   une nouvelle opération; malheureusement,
                      flamme bleuâtre. Le dégagement gazeux     ce résidu, après sa calcination, est peu atta­
                      augmente avec l’élévation de la tempéra­  quable par l’acide sulfurique. On le jette
                      ture; la flamme a une belle teinte blanche.   comme résidu sans valeur.
                      Au bout de vingt-quatre heures, le dégage­
                      ment faiblit, la flamme prend une nuance    La purification du phosphore est l’opéra­
                      bleue, et finit par s’éteindre. A ce moment,   tion qui termine la préparation de ce corps.
                      on cesse d’alimenter les foyers.            Quand il est pur, le phosphore est blanc,
                        Les gaz dégagés pendant le cours de la   transparent, et consistant comme de la cire.
                      distillation, sont un mélange d’hydrogène   Mais dans les fabriques, quand on le retire
                      phosphoré, d’hydrogène pur et d’oxyde de   du récipient-condenseur, il est opaque, et
                      carbone. Ils donnent, en brûlant à la bouche   de couleur brune, rouge ou noire. Ces co­
                      du récipient-condenseur, de l’eau, de l’a­  lorations dépendent de la présence d’un peu
                      cide carbonique et de l’acide phosphorique.   de charbon ou d’arsenic, et d’une certaine
                      Leur odeur est pénétrante et désagréable.  proportion de phosphore rouge, état allo­
                        Pour expliquer la formation de ces gaz,   tropique du phosphore. La matière recueillie
                      il faut remarquer que la décomposition    dans le récipient-condenseur doit donc né­
                      s’effectue de dehors en dedans, couche par   cessairement être purifiée.
                      couche, la température ne s’élevant que peu   Pour purifier le phosphore, on le fait
                      à peu dans les cornues. L’intérieur des cor­  fondre et on le filtre sous l’eau. A cet effet,
                      nues contient donc un centre moins chaud   on le renferme dans une peau de chamois
                      que le reste. De ce centre, il se dégage de   mouillée ; on lie cette peau et on la place
                      la vapeur d’eau, tandis que sur les bords ’  dans une passoire en cuivre, plongée elle-
                      de la masse règne une température très-   même dans un vase d’eau chauffée à + 50
                      élevée, qui a pour résultat de faire dégager   ou -j- 60°. On presse, dans l’eau chaude, le
                      du phosphore en vapeurs, par la réaction   nouet de la peau de chamois plein de phos­
                      du charbon sur le phosphate acide de      phore, au moyen de la pince à levier dont
                      chaux. La vapeur d’eau est alors décompo­  la figure 235 fait voir le mécanisme.
                      sée par le phosphore, et donne de l’hydro­  Le phosphore contenu dans le nouet de
                      gène phosphoré, de l’hydrogène pur et du   peau de chamois, B, est pressé par la cap­
                      gaz acide carbonique.                     sule métallique, C (au milieu de l’eau
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