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538                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.


                      l’on s’adresse, avons-nous dit, pour obtenir   cide phosphorique. Il faut donc commencer
                      le phosphore. Il faut commencer par dé­    pax- transformer le phosphate de chaux tri-
                      truire, par la calcination, la matière orga­  basique qui existe dans les os, en phosphate
                      nique des os. La calcination laisse des cen­  acide, c’est-à-dire avec excès d’acide phos­
                      dres, dans lesquelles se trouve le phosphore,   phorique.
                      à l'état de phosphate de chaux.              Pour opérer cette transformation, on
                        L’opération de la calcination des os est   traite le produit de la calcination des os
                      d’autant‘plus facile que les os renferment   par l’acide sulfurique. Get acide prend au
                      eux-mêmes assez de matière organique,      phosphate de chaux deux équivalents de
                      pour entretenir la combustion, une fois    chaux et forme du sulfate de chaux (plâ­
                      qu’elle est commencée.                     tre), substance insoluble, et du phosphate
                        On opère dans un four assez haut, tel que   acide de chaux, substance soluble. D’après
                      le représente la figure 232. Les os frais sont   la composition chimique de ces derniers
                      jetés par le haut de la cavité du four, R. On   corps, 100 parties de phosphate tribasique
                      commence par allumer le combustible placé   demanderaient 63 parties d’acide sulfurique
                      dans le foyer F, et on brûle sur la grille, D,   monohydraté, pour passer à l’état de phos­
                      une certaine quantité d’os. Quand ces os   phate acide ; mais, dans la pratique, il faut
                      brûlent bien, on remplit peu à peu le four,   une plus forte proportion d’acide, parce que
                      en y jetant des os et la combustion s’achève   les os calcinés renferment, outre le phos­
                      toute seule sans l’addition d’autre combus­  phate de chaux, une certaine quantité, d’ail­
                      tible dans le foyer.                      leurs variable, de carbonates de chaux et de
                        Pour activer la combustion, une galerie   magnésie, et parce que l’acide sulfurique
                      circulaire, C, entoure le bas du four, et va   ne peut agir sur le phosphate qu’après
                      conduire les produits de la combustion dans   avoir décomposé ces carbonates de chaux
                      la cheminée, 11.                          et de magnésie.
                        On extrait les os calcinés par une ouver­  Les os étant calcinés et concassés, sont
                      ture inférieure, G, en enlevant les barreaux   soumis, disons-nous, à l’action de l’acide sul­
                      de la grille, D.                          furique. Dans des baquets en bois on intro­
                        Une fois la calcination effectuée, on con­  duit 150 kilogrammes d’os calcinés, sur les­
                      casse les os, en évitant de les réduire en   quels on verse peu à peu l’acide. Il y a six de
                      poudre fine, afin d’empêcher la formation   ces baquets pour les produits donnés par un
                      de grumeaux lors du traitement par l’acide   four de calcination. Les os sont recouverts
                      sulfurique : la grosseur des fragments doit   d’eau. En hiver, on élève la température de
                      être celle d’un pois.                     l’eau de ces baquets, au moyen d’un tuyau
                        11 faut décomposer par le charbon, sous   de vapeur. On ajoute l’acide sulfurique par
                      l’influence de la chaleur, le phosphate de   petites portions, en agitant toute la masse.
                      chaux des os, pour obtenir le phosphore.   Il se fait une vive effervescence et un dé­
                      Mais on ne pourrait effectuer la réduction   gagement d’acide carbonique. La chaleur
                      du phosphate tel qu’il existe dans les cendres   a ici un double but : elle favorise la décom­
                      d’os, où l’acide phosphorique est combiné   position, et elle rend le sulfate de chaux
                      à trois équivalents de chaux ou de magnésie.  formé moins soluble dans l’eau.
                        La réduction de l’acide phosphorique dans   L’introduction de l’acide étant terminée,
                      le sel tribasique est empêchée par son affi­  on abandonne le mélange à lui-même,
                      nité pour la chaux; mais sa réduction peut   pendant quarante-huit heures, en le re­
                      s'opérer quand le sel contient un excès d’a­  muant souvent.
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