Page 538 - Les merveilles de l'industrie T3 Web

LE PHOSPHORE. 539

La dose d’acide sulfurique que l’on em­ La liqueur concentrée à 45 ou 50°, est
ploie, est de 70 à 90 pour 100 parties d’os mise dans une chaudière en fonte, pour
calcinés. être chauffée directement. A la fin de l’éva­
La masse ainsi traitée est grisâtre ; au poration on mêle à cette liqueur 30 pour 100
bout de quarante-huit heures, elle forme de charbon de bois, en fragments gros
une bouillie blanche et épaisse. Ce mélange comme des pois. On fait évaporer lentement,
est constitué par de petits cristaux de sul­ sur un feu modéré et en remuant sans cesse.
fate de chaux insoluble, et de phosphate Au bout de deux heures, on voit se déga­
acide de chaux, qui s’est dissous dans l’eau. ger de l’acide sulfureux, qui provient de la
Pour enlever le sel soluble, on remplit le décomposition d’une partie de l’acide sul­
baquet d’eau et on agite. On laisse reposer furique par le charbon. Le liquide s’épais­
quelques heures, on sépare le liquide du sit, et l’évaporation demande alors beaucoup
dépôt, et on recommence le traitement par de soins : il s’agit d’empêcher l’adhérence
l’eau. de la matière saline au fond de la chaudière.
Les premières eaux de lavage marquent Pour dessécher complètement le résidu, il
8 à 10° à l’aréomètre de Beaumé; les se­ faut chauffer jusqu’au rouge.
condes n’en marquent que 5 à 6. On réunit Le mélange de phosphate acide de chaux
ces liqueurs, et on les évapore. et de charbon étant effectué, on procède
Le dépôt formé est lavé par des affusions à l’extraction du phosphore. Pour cela, il
d’eau, dans une cuve, dont le fond est percé faut chauffer au rouge le mélange de char­
de trous et recouvert de paille ou de gros bon et de phosphate acide de chaux. L’excès
gravier et de sable. d’acide phosphorique est réduit par le
On conserve les eaux de lavage ; elles ser­ charbon ; ce qui veut dire que l'acide phos­
vent à étendre l’acide sulfurique employé au phorique cède son oxygène au charbon, et
traitement d’autres cendres d’os. qu’il se forme du gaz acide carbonique, qui
S’il fait très-froid, ou si l’on ne fait pas se dégage et du phosphore libre, lequel,
intervenir la chaleur, les lessives contien­ étant volatil, prend l’état de vapeurs, et
nent une notable quantité de sulfate de peut être recueilli dans un récipient re­
chaux. Ce sel se dépose pendant l’évapora­ froidi et plein d’eau.
tion, et il devient difficile de l’enlever com­ C’est absolument la même opération que
plètement. C’est là un inconvénient, parce l’on exécute dans les laboratoires de chimie,
que le sulfate de chaux entrave la séparation pour l’extraction du phosphore.
du phosphore au moment de la distillation. Voyons comment sont disposés les appa­
On concentre les lessives dans des chau­ reils de l’industrie pour exécuter en grand
dières en plomb chauffées au moyen de la l’opération de la réduction du phosphate
chaleur perdue par les fours à calcination, acide de chaux par le charbon, et recueillir
ou de la chaleur provenant des foyers des le phosphore, qui résulte de cette réaction
appareils distillatoires. chimique.
Les lessives sont ainsi concentrées de ma­ On distille le mélange dans des cornues
nière à marquer 45 à 50° à l’aréomètre faites avec de l’argile réfractaire, et qui
de Beaumé. Leur consistance est alors ressemblent à une bouteille à col un peu
sirupeuse. Le dépôt qui reste au fond de la recourbé ou, ce qui vaut mieux, à col tout
chaudière, lorsqu’on a soutiré la lessive, est à fait droit. Comme la difficulté de manier
du sulfate de chaux; on l’enlève, avant ces récipients augmente avec leur capacité,
d introduire de nouvelle lessive. on réunit un grand nombre de ces appa-