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                       phore, de plaques poreuses, composées d’une   tubes de verre. Une fois les tubes remplis,
                       pâte d’argile, qu’on place dans des cylindres   on ferme le robinet et on attend le refroi-
                       en fonte, communiquant avec un conduit     dissement. On retire alors le phosphore
                       de vapeur. La vapeur, comprimant le phos­  refroidi des tubes de verre, en secouant ces
                       phore fondu, le force à traverser les plaques   tubes, et on remplit de nouveau les mêmes
                       poreuses. Pour empêcher que ces plaques    tubes de phosphore, en ouvrant le robi­
                       ne s’obstruent, on mélange au phosphore    net.
                       du charbon en poudre. En calcinant de        On nomme appareil de Seubert, ce petit
                       temps en temps ces briques à l’air, on leur   outillage, qui peut être remplacé par beau­
                       rend leur porosité, par suite de la com­   coup d’autres dispositions.
                       bustion du charbon retenu dans leurs pores.   Dans les laboratoires de chimie on pré­
                       On distille le phosphore mêlé de charbon,   pare les bâtons de phosphore en aspirant
                       pour en retirer le phosphore pur.          avec la bouche dans des tubes de verre que
                         En Allemagne, on soumet le phosphore     l’on plonge dans le phosphore fondu sous
                       déjà purifié par ces filtrations à une se­  l’eau chaude. Mais ce moyen est quelque
                       conde distillation. Cette opération se pra­  peu dangereux ; le phosphore pénètre dans
                       tique en faisant d’abord fondre le phos­   la bouche de l’opérateur, s’il aspire trop
                       phore sous l’eau, et le mélangeant avec un   fort. L’appareil Seubert, ou tout autre moyen
                       huitième de son poids de sable pur. Le     facile à imaginer, écartent ce danger.
                       refroidissement donne une matière rouge
                       que l’on introduit dans les cornues; on      Le phosphore rouge a reçu d’importantes
                       chauffe doucement, pour enlever l’humi­    applications dans l’industrie. Nous devons
                       dité, et l’on chauffe ensuite plus fort. Le   donc parler de son mode de préparation.
                       phosphore distille; on le reçoit dans des    On sait que le phosphore rouge, ou amor­
                       vases en plomb plongés dans l’eau. On     phe, c’est-à-dire incristallisable, est une mo­
                       recueille ainsi, avec le phosphore brut, jus­  dification allotropique du phosphore. Une
                       qu’à 90 pour 100 de phosphore pur.         chaleur de -J- 250° ou l’influence seule de
                         La purification du phosphore fournit les   la lumière, transforment le phosphore blanc
                       pains de phosphore, qui sont livrés au     en phosphore rouge, ou amorphe.
                       commerce. Si l’on divise le phosphore en     A l’état de poudre, le phosphore amorphe
                       l’agitant pendant son refroidissement, on   est de couleur rouge; mais, en masse, il a
                       l’obtient en grenailles, forme sous laquelle   l’éclat métallique.
                       on le trouve quelquefois chez les fabricants.   Pour préparer le phosphore rouge, on
                       Mais le plus souvent on le moule en ba­   opère sur le phosphore ordinaire, dans un
                       guettes.                                  appareil inventé par Schrôtter, et que repré­
                         Voici comment s’effectue cette manipula­  sente la figure 238. Cet appareil se compose
                       tion.                                     d’un récipient en porcelaine, A, avec couver­
                         Le phosphore est fondu dans une bassine   cle à vis, C, pourvu d’un étrier, B. Un tuyau,
                       chauffée au bain-marie. La bassine est pour­  C traverse ce couvercle ; il est terminé par
                       vue^ son fond, d’un robinet et d’un conduit   un robinet, D, qui plonge dans un vase, H,
                       en cuivre, qui amène le phosphore fondu   contenant du mercure.
                       dans des tubes de verre plongeant eux-       Le récipient, A, contenant le phosphore,
                       mêmes dans une cuve pleine d’eau froide.   est placé dans un bain de sable, EE', qu’on
                       Le robinet étant ouvert, le phosphore fondu   chauffe avec un bain métallique, FF', com­
                       coule dans le conduit, et s’introduit dans les   posé de plomb et d’étain à parties égales
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