Page 522 - Les merveilles de l'industrie T3 Web
P. 522

INDUSTRIES




     DU PHOSPHORE ET DES ALLUMETTES




                                CHIMIQUES











                                               tôt après, en Angleterre, par Robert Boyle.
                                               Cet événement mérite d’être raconté.
              CHAPITRE PREMIER
                                                 Il y avait en 1670, à Grossenhayn, en
                                               Saxe, un certain bailli, du nom de Bau­
     HISTOIRE DE -LA DÉCOUVERTE DU PHOSPHORE AU
      XVIIe SIÈCLE, EN ALLEMAGNE ET EN ANGLETERRE. —   douin (Balduinus), qui consacrait son temps
      BAUDOUIN. — KRAFT ET KUNCKEL. — BOYLE. — HOM­
                                               à la poursuite de la pierre philosophale,
      BERG. — GAHN DÉCOUVRE LA PRÉSENCE DU PHOSPHORE
                                               en compagnie de son ami, le docteur Frü-
      DANS LES OS. — SCHEELE DONNE LE PROCÉDÉ SUIVI
      AUJOURD’HUI POUR L’EXTRACTION DU PHOSPHORE DES OS.  benius. Le sel que nous connaissons aujour­
                                               d’hui sous le nom d’azotate de chaux, a la
       Avant de devenir une science basée sur   propriété, quand on l’expose à l’air, d’en atti­
     desprincipes parfaitement établis, lachimie,   rer l’humidité et de tomber en déliquescence.
     ou plutôt Valchimie, était cultivée par des   Le bailli Baudouin et son ami Frübenius
     hommes avides du merveilleux, dont les    connaissaient ce composé. Ils le préparaient
     travaux n’avaient qu’un seul but : la décou­  en dissolvant de la craie dans de l’esprit de
     verte de la pierre philosophale, et qui n’at­  nitre (notre acide azotique actuel), éva­
     tendaient cette découverte que du hasard et   porant la liqueur et calcinant le produit de
     de l’imprévu. Au milieu de leurs travaux,   cette évaporation. Ce sel, étant abandonné à
     que ne dirigeaient, d’ailleurs, aucun prin­  l’air, ne tardait pas à s’y résoudre en liquide.
     cipe logique, aucune idée d’ensemble, les al­  D’après les alchimistes, le spiritus mi ndi
     chimistes firent quelquefois d’importantes   (âme du monde) devait exister dans les subs­
     observations, et la science se trouva, sans   tances qui demeurent longtemps exposées
     l'avoir cherché, en possession de quelque   à l’action de l’air. Les deux expérimenta­
     fait important. C’est à un hasard de ce   teurs ne mettaient pas en doute que l’eau,
     genre qu’est due la découverte du phos­   artificiellement dérobée à l’atmosphère par
     phore.                                    l’action de leur sel, ne renfermât le spiritus
       Cette découverte présenta une particula­  mundi. Ils distillaient donc ce sel, et le pro­
     rité étrange : elle fut réalisée à la fois, en   duit de cette distillation ne pouvait être
     Allemagne, par Kunckelet Brandt, et bien­  que Yâme du monde.
   517   518   519   520   521   522   523   524   525   526   527