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404 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE

bâtis sur les fondements des constructions Après le jardin de la Fontaine, qui sert de
romaines. Le petit pont-aqueduc par oii les promenade publique, la source forme une
eaux s’écoulent dans le second bassin, avait véritable rivière. Contenue dans des quais,
anciennement trois arches ; il n’en a que elle pénètre dans une partie de la ville, et
deux aujourd’hui. Le second bassin, dési­ aboutit, après le quai de la Fontaine, à un
gné sous le nom de Nymphée, a peu changé bassin, où commence la distribution de
dans sa disposition fondamentale. On voit l’eau par les conduites publiques.
encore, sous un entablement avancé sou­
tenu par de petites colonnes, les enfonce­ Arrivons à la dérivation des eaux du
ments semi-circulaires où l’on plaçait les Rhône terminée en 1872.
baignoires. Le grand stylobate offre, dans M. Aristide Dumont a réalisé cette déri­
sa partie inférieure, et surtout dans la frise vation par des moyens très-hardis, et qui
qui en décore le pourtour, une exacte copie ont été fort admirés : il a amené à Nîmes les
de l'antique. eaux du Rhône, situées à 27 kilomètres de
Le troisième bassin existait du temps des cette ville et à un niveau sensiblement in­
Romains. férieur. Elevant les eaux de ce fleuve, au
L’aqueduc du Pont-du-Gard aboutissait à moyen d’une machine à vapeur, à la hauteur
la Fontaine, par une galerie souterraine. On de 72 mètres, et, les filtrant sur place, il a
a découvert une portion remarquable de ce conduit les eaux jusqu’à Nîmes, au moyen
conduit non loin du temple de Diane, auquel d’un canal souterrain. Aujourd’hui la popu­
il se terminait. lation jouit d’une distribution journalière
Le temple de Diane est sans contredit l’édi­ de 300 litres d’eau par jour et par habitant.
fice le plus remarquable de la Fontaine. C’est La purification préalable de l’eau est ob­
un précieux échantillon des monuments, tenue en filtrant les eaux du Rhône à travers
empreints de grâce et de magnificence, qui des tranchées naturelles creusées dans le
embellissaient les thermes romains. sol. Ce système n’est autre chose que celui
La colline qui surmonte la promenade de que M. Aristide Dumont avait employé avec
la Fontaine est plantée d’arbres verts en succès pour la distribution des eaux du
toute saison, qui forment des allées sinueuses Rhône à Lyon. Appliqué à la ville de Nîmes,
s’élevant en pente douce jusqu’à son som­ il a donné des résultats tout aussi avantageux.
met. Là se dresse la Tour-Magne, une des L’opération de la conduite des eaux du
plus belles ruines du monde. Rhône à Nîmes a présenté trois ordres de
La Tour-Magne, de construction romaine, faits intéressants :
qui, toute délabrée qu’elle est aujourd’hui, 1° La filtration naturelle des eaux du
présente encore d’énormes proportions, do­ Rhône, par une galerie souterraine et laté­
mine la colline, la promenade et imprime rale de 300 mètres de longueur et de 11 mè­
au paysage un caractère tout particulier. 11 tres de largeur intérieure. Cette galerie de
faut plus d’une heure pour gravir le mont filtration est la plus grande que l’on con­
Cavalier, car on s’arrête à chaque pas : naisse aujourd’hui.
ici, pour suivre la poussière dorée d’un 2° Le refoulement direct de ces eaux par
petit jet d’eau; là, pour admirer la dé­ deux machines à vapeur, de 200 chevaux
licatesse de quelques fleurs confiées à la chacune, à une distance d’environ 10,000 mè­
loyale discrétion du public; plus loin, tres, par une conduite de refoulement uni­
pour jouir d’une vue ravissante qui rappelle que de 80 centimètres de diamètre intérieur.
celle des collines des environs de Florence. Celte conduite, qui présente dans son par-