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INDUSTRIE DE L’EAU 403

celte fâcheuse éventualité, et mit au cou- . nom à la célèbre fontaine, source très-abon­
cours une nouvelle distribution d’eau. L’eau dante, qui forme au pied de la colline de la
Je la source d’Eure, qui alimentait autrefois Tour Magne (mont Cavalier), un gouffre aux
|es thermes de Nîmes, au moyen de l'a­ eaux profondes et limpides. Cette source
queduc du pont du Gard, obtint d’abord la donne, après les fortes pluies, une masse
préférence de l’administration. On voulait d’eau si considérable, qu’on l’évalue au
rétablir dans la ville moderne le service sixième du volume que débite, à son étiage,
hydraulique des Romains. Mais ce plan la Seine à Paris.
fut reconnu inexécutable. On songea en­ Le jardin de la Fontaine a été dessiné pour
suite à une dérivation du Gard. Plus tard, entourer d’une promenade publique le cours
enfin, on proposa une dérivation des eaux de la petite rivière qui sort de la base du
du Rhône. Des travaux assez dispendieux ï Mont-Cavalier. Quand on visite ce jardin
furent même entrepris pour la dérivation pour la première fois, quand on franchit la
de ce fleuve. grille de ce lieu privilégié, on est surpris
La question des eaux de Nîmes avait fait de trouver tant de fraîcheur sous le climat
dépenser en études et en travaux provisoires ' brûlant du Midi. D’après le genre de déco­
des sommes considérables, et pourtant elle ration de ce jardin, on croirait pénétrer
n’avançait pas. Le projet de dérivation des dans une dépendance de Versailles ou d;<
eaux du Rhône avait été décidé et les tra­ Saint-Cloud; mais quand on a faitquelques
vaux étaient même commencés; mais, mal pas, on ne regrette plus ni Saint-Cloud ni
conçus et mal dirigés, ils étaient à la veille Versailles, car si le jardin de la Fontaine
d’être abandonnés, et la ville de Nîmes allait n’a ni les dimensions ni le caractère gran­
retomber dans sa triste situation sous le rap­ diose du parc de Versailles, il a plus de
port du service hydraulique, lorsque M. Aris­ variété dans les sites, plus de richesse dans
tide Dumont, l’habile ingénieur qui venait la végétation, plus de pittoresque dans les
d’exécuter à Lyon l’élévation des eaux du aspects, plus de soleil et plus de parfums.
Rhône filtrées au moyen des cailloux du Le jardin de la Fontaine est placé par­
fleuve, présenta un nouveau projet, qui finit dessus les anciens thermes romains. On a
par entraîner en sa faveur l’opinion publi­ conservé le plus qu’il a été possible les
que. La Compagnie des eaux de Nîmes, qui bassins de ces thermes antiques que l’on
s’était formée pour la dérivation des eaux du aperçoit en contre-bas des allées. En effet,
Rhône, céda la place à M. Aristide Dumont, les Romains recueillaient soigneusement
qui entreprit et mena à bien l’œuvre diffi­ les eaux de la fontaine de Nîmes. Ils les
cile de la conduite des eaux du Rhône à distribuaient par des canaux ou des cas­
Nîmes, malgré la différence énorme de ni­ cades, en bains ou en irrigations, dont le
veau entre ce fleuve et la ville. but et l’utilité ne nous sont qu’imparfaite-
Pour faire connaître l'état actuel de la ment connus. Il serait bien difficile, en
distribution des eaux à Nîmes, nous avons effet, après les dévastations de tous les siè­
donc à parler de la Fontaine qui alimente cles, de retrouver les constructions, les
encore une grande partie des conduites de la salles de bains, les jeux et les cirques, qui
aille, et de la dérivation des eaux du Rhône, constituaient sous les Romains les thermes
terminée en 1872. de Nîmes.
L’enceinte de la source, dite le Creux de
Le jardin de la Fontaine est une des plus la Fontaine a conservé seul l’aspect antique.
belles promenades de la France. Il doit son Les hémicycles avec leurs escaliers, sont