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402 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
lieux habités. Au contraire, l’aqueduc de les dépôts, après un service de vingt ou
Montpellier forme la décoration naturelle trente ans, on arrête les fontaines de la
d’une belle ville; il fait presque partie de ville, et on fait passer pendant vingt-quatre
son enceinte, il se relie à ses édifices. De heures de l’acide chlorhydrique étendu d’eau
plus, il aboutit à un château d’eau d’un dans le réseau des tuyaux de fonte qui
style plein d’élégance, et se termine à la constituent la canalisation souterraine. Le
plate-forme du Peyrou, une des plus belles métal n’est pas altéré par l’acide, le car
promenades du monde, celle d’où l’on jouit bonate de chaux étant le premier attaqué et
de la vue la plus ravissante et la plus éten dissous. On fait ensuite passer l’eau pure
due, car l’œil peut y embrasser à la fois pendant quelques jours, pour laver les
les Alpes et les Pyrénées. L’aqueduc vient conduites, et on rend l’eau à la consom
encore ajouter à la beauté de ce site mer mation. J’ai vu exécuter à Montpellier, au
veilleux. On suit dans l’éloignement, jus mois de juin 1874, cette curieuse opéra
qu’à une distance de 900 mètres, le déve tion.
loppement de ses deux rangs d’arcades, qui Construit en 1740, l’aqueduc du Peyrou
tracent au milieu des jardins, comme une | i n’amenait plus, au bout d’un siècle, une
dentelle de pierre. quantité d’eau suffisante pour la population
Le château d’eau auquel aboutit cet édi de la ville, qui s’était sensiblement accrue.
fice, est un pavillon hexagone, supporté par On a donc été obligé d’augmenter la quan
des colonnes isolées et accouplées. Il abrite tité d’eau potable destinée aux habitants.
un bassin circulaire d'une grande profon On s’est adressé au Lez, petite rivière qui
deur, librement ouvert à la vue. Les six coule auprès de Montpellier. Par des tra
faces de ce pavillon sont de hauts portiques, vaux fort simples, l’ingénieur du départe
qui laissent à l’air un large passage, et qui ment exécuta, en 1858, une dérivation de
abritent ce réservoir, qu’entoure seulement cette rivière qui amène aujourd’hui à Mont
une balustre circulaire en fer. De ce ré pellier une quantité d’eau à peu près égale
servoir, l’eau s’échappe en cascade, sur des à celle de l’aqueduc de Saint - Clément.
rochers, où elle se brise et s’aère; puis elle L’eau du Lez se réunit à celle de la source
tombe dans un large bassin, dont la belle de Saint-Clément dans le réservoir du châ
nappe n’est pas un des moindres ornements teau d’eau du Peyrou.
de la promenade du Peyrou. C’est en sor
tant de ce bassin que l’eau pénètre dans La ville de Nîmes a emprunté, jusqu’à
les tuyaux qui la distribuent dans les diffe l’année 1752 environ, son eau potable à la
rents quartiers de la ville. source dite de la Fontaine. Bien que la
L’eau de la source de Saint-Clément étant source de la Fontaine soit une véritable ri
très-calcaire, finit par former, à l’intérieur vière qui sort du pied de la colline de la
des conduites placées sous les rues, des Tour-Magne (mont Cavalier), il arrivait, dans
dépôts de carbonate de chaux, qui mena les grands étés, que le volume de la source
cent d’obstruer leur calibre et de dimi diminuait au point de laisser la ville dans
nuer leur débit. Le professeur E. Bérard une complète pénurie d’eau. L’industrie de
suggéra l’idée de dissoudre les dépôts for la teinture et de la fabrication des tissus de
més à l’intérieur des conduites de la ville, coton et de soie, qui a pris à Nîmes un grand
en' y faisant couler de l’acide chlorhydrique. développement, souffrait considérablement
Cette opération hardie réussit parfaitement. du manque d’eau pendant l’été. Le conseil
Quand les conduites sont trop obstruées par municipal décida de se mettre à l’abri de