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INDUSTRIE DE L’EAU. 335

dépense, et le ménage pauvre, l’artisan, le fournie en excès dans les villes, consiste
nianonvrier, n’ont plus à souffrir de la né­ dans la facilité de laver régulièrement et
cessité de boire une eau rendue impure et continuellement les égouts. Ces conduits,
malsaine par absence de filtration. creusés à grands frais sous les rues, sont
Un autre avantage résulte de la masse mille fois précieux pour la salubrité des
considérable d’eaux potables qui sont dis­ villes; mais il faut, de toute nécessité, qu’ils
ponibles à Paris. Aux 153,000 mètres cu­ soient parcourus, comme l’étaient ceux de
bes d’eau par jour que nous donnent au­ l’ancienne Rome, par un courant d’eau in­
jourd’hui les eaux de la Seine, de l’Ourcq cessant, qui empêche les produits qui s’y
et du puits de Grenelle, on a ajouté les rassemblent de se putréfier et de laisser dé­
170,000 mètres cubes fournis par les trois gager à travers les orifices ou l’épaisseur
dérivations de la Vanne et de la Dhuis. Paris même du sol, des émanations nauséabondes
a donc à sa disposition 323,000 mètres cubes et nuisibles à la santé publique.
d’eau. Est-il nécessaire de faire ressortir L’eau fournie en excès aux besoins d’une
l’extrême utilité, pour l’hygiène des grandes ville peut, non-seulement être employée
villes, d’une grande abondance d’eaux pu­ aux usages variés de la vie domestique, mais
bliques? L importance de l’eau pour l’hy­ encore être utilisée par les établissements
giène des villes est une de ces questions qui industriels et médicaux qu’elle rencontre
ne se discutent pas, mais qui s’affirment par sur son parcours. Elle peut servir à donner
elles-mêmes. Conduire l’eau en abondance presque gratuitement des bains à la popu­
dans la demeure du pauvre, et jusqu’aux lation, et permettre d’établir des lavoirs pu­
étages les plus élevés des maisons, c’est blics pour le blanchissage du linge de la
distribuer, non pas seulement la propreté, classe pauvre.
qui, selon un Père de l’Église, est une vertu, En outre de ces usages, l’eau dont on
mais encore le bien-être et la santé. jouit à profusion, peut devenir un embel­
La salubrité d’une ville exige que le pavé lissement pour les places publiques ou les
puisse être incessamment lavé par une masse promenades, et les animer d’une vie nou­
d’eau épanchée des bornes-fontaines. Sans velle, en jaillissant de fontaines monumen­
ce lavage continuel, il est très-difficile d’em­ tales, en s’élançant en gerbes et retombant
pêcher une certaine quantité de matières en cascades.
organiques apportées de l’intérieur des mai­ Dans les principaux centres de population
sons, de s’altérer, de se corrompre, en ré­ de l’Angleterre, l’eau est distribuée avec
pandant des exhalaisons nuisibles; tandis une extrême abondance dans l’intérieur de
qu’une autre portion de ces matières, en chaque maison, et cet avantage n’est pas
pénétrant dans le sol, s’ajoute aux produits entré pour peu de chose dans le développe­
infects qui y séjournent. Un lavage inces­ ment et la prospérité de ces villes. Depuis
sant du pavé le débarrasse de ces immon­ la nouvelle distribution des eaux de la Ta­
dices, dangereux pour la santé publique. mise, commencée en 18G0 et terminée
Si une ville dispose d’une quantité consi­ en 1867, dans chaque maison de Londres,
dérable d’eau, de manière qu’elle soit en on peut distribuer l’énorme volume de
charge dans les tuyaux de conduite, l’ar­ 900 litres d’eau par jour. On a calculé
rosage de la voie publique se fait rapide­ que, si les canaux de distribution n’étaient
ment, sans frais et sans entraver la circula­ pas établis, et qu’il fallût aller puiser
tion. cette eau directement aux fontaines, il fau­
Un autre emploi très-important de l’eau drait employer à ce travail deux cent qua­