Page 301 - Les merveilles de l'industrie T3 Web
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INDUSTRIE DE L’EAU. 299
buée était seulement de 3 litres 1/2 par tête. Montigny et de Parcieux firent à cette assem
Ce volume paraît bien insuffisant, quand on blée un rapport. Mais ce travail n’eut au
sait que les hydrauliciens modernes récla cune suite ; on se borna à exécuter, pour
ment une part de 50 à 60 litres d’eau par 1,612 livres, de menus travaux indispen
chaque habitant d’une grande ville. sables pour empêcher la ruine totale des
La machine hydraulique du pont Notre- machines.
Dame avait augmenté pendant quelque Tout ce qui précède fait voir combien l’art
temps le volume d'eau disponible dans Pa d’administrer est nouveau, quelles entraves,
ris. Malheureusement, les dérangements de quels obstacles incessants il rencontrait dans
l’appareil n’avaient pas tardé à réduire con la vicieuse organisation sociale qui existait
sidérablement leur débit. Au moment de avant notre immortelle révolution de 1789.
l’établissement de ces nouvelles pompes de L’histoire nous apprend que, parmi les
la Seine, les magistrats de la ville préposés prévôts de Paris, il se trouva des hommes
à la garde et à l’entretien du trésor des eaux éminemment énergiques et distingués, qui
publiques, peu habitués à une telle abon surent, au péril de leur vie, défendre les
dance, eurent le tort de le regarder comme privilèges de la ville. Les derniers faits que
intarissable. L’abus des concessions gra nous venons de raconter, ne nous montrent-
tuites, qui avaient eu de si tristes résultats ils pas, au contraire, une administration
dans les siècles précédents, se renouvela sans règle et sans vigueur, laissant aller les
avec la même force. Tout cela obligea à affaires de la ville avec la plus complète
revenir aux mêmes mesures que les mêmes incurie? 11 serait injuste, toutefois, déjuger
circonstances avaient nécessitées précédem les actes de nos ancêtres d’après nos idées
ment. En 1733, tous les concessionnaires du jour, comme il est souverainement ridi
d’eaux furent sommés de déposer leurs cule d’abaisser tout ce qui existe aujourd’hui
titres à l’hôtel de ville, pour en obtenir la pour exalter un passé qui ne nous paraît
confirmation, s’il y avait lieu. On ne voit pas digne d’admiration qu’à la longue distance
néanmoins que cette mesure ait produit de où nous le voyons, distance à laquelle tous
résultat avantageux. les détails s’effacent et rendent le jugement
Aucune amélioration importante ne fut incertain.
réalisée dans le service des eaux, dans la
première moitié du dix-huitième siècle, si
ce n’est la restauration, faite en 1787, des
CHAPITRE XXV1I1
machines du pont Notre-Dame, par le célè
bre Bélidor. Après l’achèvement des tra LES EAUX DE PARIS AU DIX-HU1HÈME SIÈCLE. — PROJET
vaux, le produit de cet établissement fut DE DÉRIVATION DE L’YVETTE, PAR DE PARCIEUX. — LES
FRÈRES PÉRIER SONT AUTORISÉS, EN 1717, A CONS
trouvé de 150 pouces par 24 heures (1). Mais
TRUIRE LES PREMIÈRES POMPES A FEU. — LA COMPA
la négligence avec laquelle était fait l’entre GNIE DES EAUX DES FRÈRES PÉRIER. — SES ACTIONNAI
tien des établissements hydrauliques de la RES. — ORAGES ET DISCUSSIONS. — MÉMOIRES DE
BEAUMARCHAIS ET DU COMTE DE MIRABEAU. — DÉSAS
ville, produisit son effet ordinaire ; les ma
TREUX RÉSULTAT FINANCIER; DISSOLUTION DE L’ENTRE-
chines, si habilement réparées par Bélidor, PR1SE.— REPRISE DES PROJETS DE DÉRIVATION.— M. DE
se détériorèrent de nouveau. L’Académie FER PROPOSE LA DÉRIVATION DES EAUX DE LA BIÈVRE.
des sciences fut consultée sur les mesures — CE PROJET EST ÉCARTÉ PAR LES RÉCLAMATIONS DES
TEINTURIERS DE PARIS. — ÉTAT DU SERVICE DI S EAUX
à prendre pour leur conservation. Camus,
DE PARIS A LA FIN DU DIX-HUITIÈME SIÈCLE.
{t) Architecture hydraulique, tomell,p.215 et suivantes. L’esprit du dix-huitième siècle, beaucoup