Page 20 - Les merveilles de l'industrie T1
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14                    MERVEILLES DE L’LNDUSTRIE.

                           quaient avec le verre des objets de toute es­  plafonds des bains d’Etruscus. Ces verres
                           pèce, vases, flacons, urnes, boules, amphores,   étaient teints dans la masse et décorés de
                           bouteilles, pots, en verre soufflé, moulé et   peintures. On fit même avec ces fragments
                           taillé.                                   de verre coloré des tableaux en mosaïque.
                             De nombreuses plaques de verre coloré     Les vitres furent-elles connues des Ro­
                           sêrvirent à la décoration du deuxième étage   mains ? A cette question bien des réponses
                           de l’amphithéâtre de Seau rus. Pline dit que   avaient été faites, fondées sur l’interprétation
                           cet amphithéâtre est le plus grand qui ait   des textes grecs et latins, lorsqu’une décou­
                           jamais été construit.                     verte décisive vint trancher le différend.
                                                                      Dans quelques maisons de Pompéi, mises au
                             «C’était, dit Pline, un théâtre à trois étages,ayant
                           360 colonnes, et cela dans une ville où 6 colonnes   jour pendant la première moitié de notre
                           de marbre d’Hymette, chez un citoyen très-considé­  siècle, on trouva des vitres encore en assez
                           rable, avaient excité des murmures. Le premier   bon état. Laissons parler l’architecte Mazois
                           étage était en marbre, le second en verre, genre de
                           luxe dont il n’y a plus d’exemples, le troisième en   qui a recueilli, dans son remarquable ou­
                           bois doré. »                               vrage, les Ruines de Pompéi, tout ce qui se
                                                                      rapporte à cette antique cité, qui fut englou­
                              Les Romains employaient le verre de cou­
                                                                      tie, en l’an 79 de notre ère, sous les pous­
                            leur pour confectionner des cubes vitrifiés
                                                                      sières du Vésuve.
                                                                       « Si la question de l’emploi des vitres chez les an­
                                                                      ciens, dit Mazois, était encore douteuse, nous trou­
                                                                      verions dans cette salle de bains un témoignage pro­
                                                                      pre. à la résoudre : les siècles y ont conservé un
                                                                      châssis vitré en bronze, qui détermine non-seule­
                                                                      ment la grandeur et l’épaisseur des vitres em­
                                                                      ployées, mais encore la manière de les ajuster. Les
                                                                      figures 38 et 39 (1), qui donnent l’ensemble et les
                                                                      détails de ces châssis, font voir que ces vitres étaient
                                                                      posées dans une rainure, et retenues de distance en
                                                                      distance par des boutons tournants qui se rabattaient
                                                                      sur les vitres pour les fixer; leur largeur est de
                                                                      20 pouces (O,n,54 environ) sur 28 pouces (0m,72) de
                                                                      haut, et leur épaisseur de plus de 2 lignes (S à 6 mil­
                                                                      limètres). »

                                                                        En visitant Pompéi, en 1865, nous avons
                                                                      vu nous-même un fragment de vitre adhérant
                                                                      encore à une ouverture qui servait de fenêtre
                                                                      à une salle obscure et basse. En contemplant
                                                                      ce témoignage authentique de la vitrerie ro­
                                                                      maine, nous ne pouvions nous empêcher de
                                                                      sourire au souvenir de nombreuses disserta­
                               Fig. 6. — Détails des châssis vitrés de Pompéi.  tions auxquelles avait donné lieu, avant la
                                                                      découverte de Pompéi, cette thèse archéolo­
                            qui servaient à paver les temples religieux.  gique que les Romains n’avaient pas connu
                              Vopiscus nous apprend que la maison de   les vitres!
                            Firmus était revêtue tout entière de plaques
                            de verre carrées, scellées dans le mur. Stace
                                                                        (1) La figure 6, que nous donnons ici, reproduit celles do
                            parle de plaques de verre qui ornaient les   Mazois.
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