Page 17 - Les merveilles de l'industrie T1
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LE VERRE ET LE CRISTAL. H
de Memphis et de Thèbes on a trouvé beau le verre et en fabriquer des objets très-volu
coup d’objets en verre, tels que grains de mineux.
colliers, bracelets, etc., qui prouvent sur « Il y avait, dit Pline, au témoignage d’Hérodote
abondamment que les Égyptiens étaient très- et de Théophraste, dans le temple d Hercule à Tyr,
habiles dans la fabrication du verre. une colonne faite, dit-on, d’une seule émeraude,
laquelle jetait un éclat extraordinaire. »
Les nombreux objets en verre que l’on
trouve dans des tombeaux auxquels aucun Cette colonne ne pouvait être composée
renseignement extérieur ou intérieur ne sau d’une autre matière que de verre coloré. Il
rait assigner de date précise, ressemblent faut en dire autant de la statue de Sérapis,
parfaitement à ceux qui portent la date de haute de neuf coudées, dont parle Appien.
leur fabrication, comme ce grain de collier
Les Égyptiens et les Phéniciens eurent
dont nous venons de parler.
bientôt des concurrents dans l’art de la fabri
Les fragments ou pièces de verre coloré ne
cation du verre.
sont pas rares dans les sarcophages égyptiens.
Cette industrie passa des rivages de l’Égypte
Les villes de Thèbes et de Memphis étaient
et de la Syrie dans les îles de l’archipel grec,
renommées pour la fabrication des verres co
et jusqu’en Étrurie. Des fouilles exécutées de
lorés, qu’elles exportaient en grandes quan
nos jours, dans cette dernière contrée, ont fait
tités.
trouver des vases en millefiori dont on avait
Le verre parfaitement incolore que l’on
d’abord attribué la fabrication aux Vénitiens,
trouve dans beaucoup de sarcophages égyp
et qui sont reconnus d’origine bien plus an
tiens, prouve que l’art de fabriquer le verre
cienne, c’est-à-dire propres aux habitants de
était très-perfectionné chez les Égyptiens.
l’Étrurie, province romaine.
Nous verrons plus tard, en effet, que la pré
Des îles de l’archipel g.rec, l’industrie du
sence d’un oxyde métallique dans le sable ou
verre rayonna bientôt dans quelques autres
dans le natron (carbonate de soude), amène
contrées.
une coloration du verre, qui varie selon la
Les Persans se servaient de vases de verre,
nature de l’oxyde.
coutume qui émerveilla les ambassadeurs
athéniens et qui leur sembla le dernier mot
Après les Égyptiens, les Phéniciens acqui
du luxe et de la magnificence.
rent une juste célébrité dans l’industrie du
Les Indiens, les Mèdes et les Celtes pos
verre. Comme nous le disions plus haut, les
sédaient, au dire de Pline, des fabriques de
villes de Sidon et de Tyr possédaient des
verre.
fabriques renommées.
L’Assyrie posséda des verreries à une épo
Ce qui porte à considérer l’industrie égyp
que assez reculée. Des fouilles faites, de nos
tienne comme antérieure à l’industrie phé
jours, dans l’un des palais de Nemrod, ont
nicienne, c’est que les Phéniciens furent
mis au jour des vases très-curieux. Le Musée
surtout un peuple commerçant. Or, comme'
britannique possède un de ces vases, sur le
le fait remarquer M. Bontemps, « les nations
quel on voit, d’un côté, un lion, et de l’autre
commerçantes commencent par être les in
une inscription cunéiforme portant le nom du
termédiaires entre les peuples producteurs
roi d’Assyrie, Sargon, lequel vivait au hui
avant de produire elles-mêmes. » De plus, le
tième siècle avant J.-C.
sol égyptien fournissait le natron que la
Phénicie ne possédait pas. Les Romains ne se familiarisèrent qu’un
Pline vante beaucoup l’habileté des ver peu tard avec les ouvrages de verre : ce fut vers
riers de Sidon, qui savaient couler et mouler le temps où vivait Cicéron.