Page 12 - Les merveilles de l'industrie T1
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VI                                PRÉFACE.


                         M. Hoffmann, traitant l’aniline parle chlorure de carbone, découvre une seconde couleur
                         d'aniline, cette admirable fuchsine, la plus belle, la plus séduisante des couleurs rouges.
                         Les découvertes de ces nouvelles matières tinctoriales se multiplient; de sorte qu’aujour-
                         d'hui les couleurs d'aniline tiennent le premier rang dans la teinture, permettent de créer
                         sur les tissus des chefs-d’œuvre de couleur, et donnent lieu à un commerce tb plus de
                         30 millions par an. Ce commerce, qui s’accroît tous les jours, permet de fournit à toutes
                         les classes de la société les couleurs les plus vives, depuis celles que l’on fixe sur les riches
                         tissus, jusqu’à celles qui teignent ces rubans de coton à 10 centimes le mètre, qu’on voyait
                         à l’Exposition de Londres de 1862.
                           D’où est sortie cette satisfaction nouvelle donnée aux justes besoins de la toilette et
                         du goût, en même temps que ce grand mouvement commercial? De l’observation d’une
                         réaction très-simple de la chimie, de l’étude de l’oxydation de l’aniline, produit dérivé
                         lui-même du charbon de houille. Un bloc de charbon donne aujourd’hui la matière
                         nécessaire pour teindre à peu près son volume d’étoffe.

                           Ainsi des faits scientifiques et industriels, considérés d’abord comme sans importance,
                         ont exercé une influence prodigieuse sur les destinées des nations, sur leur prospé'ité,
                         sur leurs habitudes. Les progrès ou la décadence d’un peuple peuvent se trouver sus­
                         pendus à la solution d’un problème de l’industrie. On comprend dès lors combien il
                         est nécessaire que chacun ait, aujourd'hui, connaissance de l’état présent et des
                         moyens d’action de l’industrie, nationale ou étrangère. Si on ne peut initier le public à
                         tous les détails techniques de chaque industrie, il faut au moins le renseigner, l’é­
                         clairer, l’instruire sur son ensemble, sur ses principes, sur son histoire et sur les moyens
                         dont elle dispose.
                           Tel est précisément le but que nous nous proposons d’atteindre, dans les Merveilles
                         de l'industrie, dont nous commençons aujourd’hui la publication.
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