Page 8 - Les merveilles de l'industrie T1
P. 8
Il PRÉFACE.
En conséquence, nous commençons aujourd’hui la publication des Merveilles de
l'industrie.
Ce nouvel ouvrage est la suite naturelle, le complément presque obligé, des Merveilles
de la science. L’industrie, telle qu’on la comprend, telle qu’elle existe de nos jours, n’est
autre chose que la science appliquée. Fabriquer le verre ou la porcelaine, teindre les
tissus, préparer le savon, travailler la laine, le coton ou la soie, tanner les peaux, etc.,
n’est autre chose qu’appliquer à la production manufacturière les principes qui sont
développés dans les ouvrages de mécanique, de physique et de chimie. Si donc, dans
un premier recueil, nous avons étudié et décrit les Merveilles de la science, la logique
des faits nous amène à étudier et à décrire, dans un autre ouvrage, les Merveilles de
[industrie.
Voici le plan que nous suivrons pour la suite des Notices qui composeront ce recueil.
Nous distribuerons en quatre groupes les industries qui existent aujourd’hui en France
et à l’étranger :
1° Les industries chimiques;
2° Les industries mécaniques;
3° Les industries des mines et des métaux ;
4° Les industries agricoles et alimentaires.
Notre but n’est pas de donner de véritables traités sur chaque matière. Évitant tout
développement technique, nous nous attacherons seulement à faire bien comprendre les
principes et les faits sur lesquels repose chaque industrie. Celui qui aura lu avec attention
ces Notices saura parfaitement en quoi consistent les opérations qui se rapportent à cha
que industrie; il comprendra leur théorie, leurs principes, et leur histoire.
Il ne faut pas s’attendre à trouver dans ce recueil la description d’une usine en parti
culier. Nous éviterons, au contraire, de citer les noms d’aucune usine ou manufacture,
française ou étrangère. Ce que nous voulons enseigner au lecteur, ce sont les principes
de l’industrie; nous voulons lui dire comment se fabriquent, par exemple, le verre et le cris
tal, comment on procède à la teinture ou à la fabrication des tissus, comment on prépare
le savon ou la fécule, comment on imprime un livre, etc., et non de quelle manière est
disposée telle verrerie ou telle fabrique de faïence, comment fonctionne telle filature ou
telle savonnerie, etc. Une description générale, où l’on fait abstraction de toute usine par
ticulière, permet seule d’exposer avec clarté l’ensemble complet et l’enchaînement des
opérations qui composent une industrie.
Nous ne nous dissimulons pas la difficulté de cette tâche, et c’est précisément son im
portance qui nous engage à l’aborder. L’industrie, que les anciens ont méconnue ou igno
rée, est la puissance souveraine des nations de nos jours. Un peuple dont l’industrie est
florissante, a devant lui l’avenir : il peut voir un moment son étoile pâlir, son prestige s’af
faiblir et ses forces décliner passagèrement, mais pourvu qu’il conserve intact l’élément de
sa production industrielle, il peut, confiant dans ses destinées, attendre avec tranquillité la
revanche morale de l’avenir.
C’est, en effet, l’industrie appuyée sur la science, qui a imprimé au monde moderne
la plupart de ses progrès. Des observations scientifiques que l’on avait considérées à l’ori
gine comme insignifiantes ou inutiles, des faits sans importance appréciable au premier
abord, ont été quelquefois le germe d’immenses progrès sociaux, et ont fini par transfor
mer entièrement la fortune, les habitudes et les mœurs des nations.