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142 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

brication du flint-glass se sont encore perfec­ Arrivons à la question pratique de la fa­
tionnés, et aujourd’hui la production de cette brication du flint-glass et du crown-glass,
matière se fait, non assurément à coup sûr les deux espèces de verre qui, réunies, donnent
et avec facilité, mais de manière à assurer au les lentilles achromatiques.
commerce des produits de bonne qualité. La Voici, d’après M. Dumas, la composition
photographie, qui nécessite la construction du flint-glass que préparait Guinand :
d’une quantité considérable d’objectifs pour
Parties en poids.
les chambres obscures, a beaucoup contribué Silice.................................................... 42,5
à entretenir l’émulation des fabricants de Oxyde de plomb................................. 43,5
Potasse.................................................. 11,7
verres d’optique. Nos fabricants français ont
Alumine............................................... 1,8
détrôné les opticiens allemands, qui avaient, Chaux................................................... 0,5
il y a vingt ans, une incontestable suprématie Acide arsénique......... ....................... traces
en ce genre. On n’est plus obligé d’aller ache­ joo,o
ter à Berlin les bons objectifs pour la photo­
La densité du flint-glass est énorme, ce
graphie.
qui se comprend puisque cette matière ren­
On voyait à l’Exposition de Londres, en
ferme 43 pour 100 d’oxyde de plomb : elle est
1851, un disque de flint de 74 centimètres de
de 4. Au contraire la densité du crown-glass
diamètre (29 pouces) pesant plus de 200 ki­
n’est que de 2, 5. La différence de ces deux
logrammes, qui avait été fabriqué chez
densités, jointe à la différence du pouvoir
MM. Chance, de Birmingham, par M. Bon-
dispersif, explique que la seconde matière,
temps. Un autre disque de crown-glass, à peu
accolée à la première, redresse les rayons
près de la même dimension, a été fait depuis
lumineux réfractés dans le premier milieu.
dans les mêmes ateliers. Ces verres furent
Pour fabriquer le flint-glass, M. Bontemps
achetés pour l’Observatoire de Paris. Leur
se sert des matières suivantes :
apparence est très-satisfaisante, mais, comme j
ils ne sont qu’à l’état brut, il n’est pas pos- | Parties en poids.
Sable pur...................................... 100
sible de dire s’ils possèdent toutes les qua- i
Oxyde de plomb (minium)......... 100
lités voulues pour faire une bonne lentille. Carbonate de potasse pur............ 30
A l’heure qu’il est, la masse de verre se voit
encore, dans son état brut, dans la grande On place ces matières dans un creuset à
galerie de l’Observatoire, sans avoir reçu dôme, posé au milieu d’un four, et ce four
d’emploi. ne reçoit qu’un seul creuset.
Ce qu’il faut ajouter tout de suite, c’est que Nous avons déjà dit que le tour de main
les lunettes astronomiques, et par conséquent de Giiinand consistait à agiter continuelle­
les grands objectifs exigeant des disques de ment la matière, pour empêcher sa sépara­
flint-glass de dimensions anormales, com­ tion, pendant le refroidissement en tranches
mencent à être délaissées. Elles sont rem­ de plus en plus denses de verre plombeux.
placées par les télescopes à miroir argenté, Voici comment ce brassage s’effectue dans la
inventés par Léon Foucault. Aussi n’est-ce pratique.
plus d’énormes masses de flint-glass que Le creuset étant rempli de 20 à 40 kilo­
nos fabricants cherchent à produire, mais grammes de mélange vitrifiable, on chauffe
seulement du flint très-pur, pour composer, le four pendant quatre heures.'Alors on dé­
à l’usage des photographes, des objectifs qui bouche le creuset, qui était resté fermé par
soient très-réfringents, très-limpides et par­ un couvercle, nonobstant sa courbure, afin
faitement achromatiques. qu’aucune trace de fumée de houille ne puisse