Page 111 - Les merveilles de l'industrie T1
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106                  MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

               « On se sert, pour graver sur verre, de l’acide ।  । faïence à décorer. On a préalablement im­
             fluorhydrique à l’état gazeux ou à l’état liquide. 11   prégné l’assiette d’une substance gom­
             est préférable de l’employer sous cette dernière
                                                        meuse, happante, adhésive. Cette substance
             forme.
               « On prépare l’acide fluorhydrique par les procé­  attire à soi l’encre épaisse qui forme le
             dés ordinaires, en chauffant dans une cornue de   dessin de la gravure. Si bien que, lorsque
             plomb une partie de fluorure de calcium pulvérisé
                                                        après avoir mouillé la lithographie sur sa face
             et trois parties et demie d’acide sulfurique concen­
             tré ; on étend l’acide du tiers ou de la moitié de son   extérieure, on la tire vivement, le papier vient
             volume d’eau, et on le conserve dans une bouteille   seul, et l’encre demeure attachée à la surface
             de plomb ou mieux de gutta-percha.         de l’assiette, reproduisant exactement la li­
               « Le verre est enduit d’un vernis de cire et de
             térébenthine qu’on applique à chaud à l’aide d’un   thographie. Ensuite, on vernit la faïence ainsi
             pinceau. Pour les dessins qui doivent offrir une   chargée de l’encre de la lithographie, et on
             certaine finesse, on se sert de l’huile de lin sicca­  la porte au four du potier. La matière noire
             tive.
               « On trace le dessin avec une pointe, comme pour   de l’encre pénètre dans la pâte, le vernis
             la gravure à l’eau-forte. La transparence du vernis   fond et recouvre le dessin. Ainsi, parle
             à l’huile de lin permet facilement de le décalquer.   simple report d’une lithographie, on a obtenu
             On entoure la partie enduite de vernis d’un bourre­  sur la faïence un dessin noir et indélébile.
             let en cire, et on fait mordre l’acide sur le verre pen­
             dant un temps plus ou moins long, selon la profon­  C’est ce procédé curieux, simple et écono­
             deur des tailles qu’on veut obtenir. On lave à l’eau,   mique, que M. Kessler a réussi à appliquer
             puis à l’essence ou à l’alcool pour enlever le vernis.  à la gravure du verre par l’acide fluorhydri­
               « On comprend que le verre n’est attaqué que
                                                       que.
             dans les parties qui ont été dénudées par le burin. »
                                                          On exécute sur une pierre lithographique
               Une découverte industrielle d’une grande   le dessin que l’on veut graver sur verre, en
             importance, qui a été faite à ce qu’il paraît   se servant d’une encre épaisse et grasse, ainsi
             simultanément en Angleterre et en France,   composée :
             est venue, de nos jours, donner un immense
             développement à la gravure du verre et du      Acide stéarique....................................  3
                                                            Bitume..................................................’ 2
             cristal par l’acide fluorhydrique. L’emploi de
                                                            Essence de térébenthine.................  3
             l’acide fluorhydrique était, quoi que l’on fît,
             toujours dispendieux pour des dessins qu’il   Quand ce dessin à l’encre grasse recouvre la
             fallait reproduire plusieurs fois.La découverte   pierre,on la traite par le procédé ordinaire des
             de la gravure sur verre par impression et au   lithographes, et on tire une épreuve litho­
             moyen de l’acide fluorhydrique, qui permet   graphique de ce dessin, sur un papier léger,
             de reproduire un grand nombre de fois, à très-   dit papier demi-pelure glacé.
             bon marché, le même dessin, est attribuée   Pour décalquer ou reporter cette lithogra­
             en France, à M. Kessler. Voici en quoi con­  phie sur la plaque de verre qu’il s’agit de gra­
             siste ce procédé, qui a donné une grande im­  ver, on commence par présenter la gravure à
             pulsion à l’industrie des verres gravés.  un vase plein d’eau contenant un quart ou un
               Nous verrons, quand nous traiterons des   sixième de son poids d’acide chlorhydrique.
             poteries, que pour produire sur les assiettes   Les vapeurs de cet acide qui se dégagent, se
             et poteries de faïence, des dessins en noir, on   condensent sur le papier. Ensuite on passe la
             se sert du curieux procédé du décalquage. On   lithographie rapidement à la surface d’un
             fait sur papier le tirage d’une lithographie,   bain d'eau tiède, en l’y laissant nager seule­
             avec une encre très noire et très-épaisse.   ment le temps suffisant pour que les stries
             Ensuite on mouille cette gravure, et on   de l’encre s’étant nivelées par la fusion, on
             l’applique légèrement sur l’assiette ou la  soit averti qu’il est temps de la retirer.
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