Page 9 - Les fables de Lafontaine
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INTRODUCTION


                A)  Biographie de La Fontaine
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       1.  ORIGINES. LA MAISON A TOURELLES (1621-1627).
      — Jean de La Fontaine fut baptisé le 8 juillet 1621, en l’église
     Saint-Crépin de Château-Thierry. Né sans doute la veille, il était
     fils de Messire Charles de La Fontaine, soi-disant écuyer, conseiller
      du Roi (Louis XIII) et Maître des eaux et forêts. Sa mère, Françoise
     Pidoux, avait épousé ce Charles de La Fontaine en secondes
     noces, en 1617, âgée de 35 ans. Son premier mari, le sieur de
      Jouy, riche commerçant de Coulommiers, lui avait laissé, avec
      une belle fortune, une fille unique nommée Anne.
       Le ménage La Fontaine habitait une maison cossue, à tourelles,
     témoignage de sa condition bourgeoise aux confins de la noblesse.
     Aux confins seulement, en dépit du titre d’écuyer que s’arrogeait
     le maître des eaux et forêts ; car ce titre fut contesté et retiré à
     son fils Jean, en 1661, par sentence judiciaire, aggravée d’une
     amende de 2.000 écus.
       Jean passa ses toutes premières années dans la maison à tou­
      relles, entre son père, sa mère, sa demi-sœur Anne qui se maria
     en 1627 au sieur Philippe de Prat, autre maître des eaux et forêts,
     et son frère Claude, né en 1624. La mère dut mourir assez tôt,
     car il n’en est plus fait mention après la naissance de Claude.
      Comme Molière, comme Racine, comme Rousseau, et contraire­
     ment à tous les grands romantiques, La Fontaine fut privé de
     l’influence maternelle. Peut-être faut-il attribuer à cette regret­
     table absence son manque d’estime pour les femmes en général :
     nul, au XVIIe siècle, ne les a traitées avec une désinvolture plus
     gauloise.
       2.  LES ANNÉES DE COLLÈGE (1627-1639). - Il n’est
      guère douteux que La Fontaine ait fait ses études au collège de
      Château-Thierry ; ce collège avait de la réputation ; cependant,
      il n’est guère douteux non plus qu’il ait goûté médiocrement ce
     milieu, si l’on en juge par la persévérante aigreur dont il pour­
      suit le peuple des écoliers et celui des « pédants ».
       Vers 15 ans (1636), il fut envoyé suivre sa philosophie dans un
      collège de la capitale ; cette philosophie durait alors deux ans.
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