Page 400 - Les fables de Lafontaine
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396         FABLES. — LIVRE DIXIÈME
        « Je suis bien bon, dit-il, d’écouter ces gens-là. »
       Du sac et du serpent aussitôt il donna *
           Contre les murs, tant qu’il tua la bête12
               On en use * ainsi chez les grands :
       La raison les offense ; ils se mettent en tête   85
       Que tout est né pour eux, quadrupèdes et gens,
                        Et serpents.
               Si quelqu’un desserre les dents,
       C’est un sot! J’en conviens. Mais que faut-il donc faire?
               Parler de loin, ou bien se taire.      90

         Exercice complémentaire. — Inspirez-vous de cette fable et
       composez un discours contre l’ingratitude des hommes à l’égard des
       animaux.
                           -------------- X



           2.  — LA TORTUE ET LES DEUX CANARDS

         Sources. — Pilpay ; Ésope ; Avianus ; Abstémius ; Gilbert
       Cousin ; Haudent ; Verdizotti.
         Intérêt. — Fable ornée. Le portrait psychologique de la vani­
       teuse tortue est détaillé avec finesse et esprit, d’une façon très
       vivante. La Tortue joue ici un rôle qui est exactement l’antithèse
       de celui qu’elle joue dans VI, 10, le Lièvre et la Tortue.
       Une Tortue était *, à la tête * légère,
       Qui1, lasse de son trou, voulut voir du pays *.
       Volontiers, on fait cas d’une terre étrangère,
       Volontiers gens boiteux haïssent le logis2.
              Deux canards, à qui la commère *        5
              Communiqua ce beau dessein
       Lui dirent qu’ils avaient de quoi la satisfaire :
              « Voyez-vous ce large chemin 3 ?

        12. Conclusion brève, 26, g.
        1. Relatif séparé de son antécédent, 29, x. — 2. Entrée en matière
       psychologique, 26, b. — 3. Ils montrent le ciel.
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