Page 264 - Les fables de Lafontaine
P. 264
2ÔO FABLES. — LIVRE SIXIÈME
L’autre mois, on * l’emploie à changer tous les jours
Quelque chose à l’habit, au linge, à la coiffure.
Le deuil enfin sert de parure
En attendant d’autres atours.
Toute la bande des Amours * 40
Revient au colombier : les Jeux, les Ris, la Danse
Ont aussi leur tour à la fin.
On se plonge, soir et matin,
Dans la fontaine de Jouvence *.
Le père ne craint plus ce défunt tant chéri. K 45
Mais, comme il ne parlait de rien à notre Belle * :
— « Où donc est le jeune mari
Que vous m’avez promis ? » dit-elle.
Exercice complémentaire. — En supprimant les considérations
morales et les traits descriptifs, réduisez cette fable à une brève
épigramme.
ÉPILOGUE
Source. — Phèdre, épilogue du livre IV.
Intérêt. —• Cet épilogue prouve que La Fontaine ne pensait
pas composer d’autres fables après la publication des six livres
du recueil de 1668. Le roman de Psyché, commencé par le poète
avant ses fables, sera imprimé le 31 janvier 1669.
On ne sait qui est le Damon auquel le poète s’adresse ici.
Bornons ici notre carrière *.
Les longs ouvrages me font peur.
Loin d’épuiser une matière *,
On n’en doit prendre que la fleur1.
Il s’en va temps * que je reprenne 5
Un peu de forces et d’haleine *
Pour fournir * à d’autres projets *.
Amour *, ce tyran de ma vie,
1. Pour La Fontaine, l’art du poète consiste en effet à prendre, de
toute chose, la fleur exquise, sans rien approfondir.