Page 262 - Les fables de Lafontaine
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258          FABLES. — LIVRE} SIXIÈME

                L’envoyer à jour arrêté *.
        Comme il n’était alors aucun convent * de filles 8,
                On y trouva difficulté 9.
                L’Auberge, enfin *, de l’hyménée *
                Lui fut, pour maison *, assignée.      30

          Exercice complémentaire. — Traduisez en termes simples et
        précis l’allégorie contenue dans cette fable.




                     21.  — LA JEUNE VEUVE

          Sources. — Abstémius ; Haudent.
          Intérêt. — Cette fable est, pour le sujet et le ton, beaucoup
        plus près des Contes que des Fables. C’est une délicieuse comédie
        de mœurs, dont on ne sait qu’admirer le plus : la grâce malicieuse
        du prologue, l’opposition comique des personnages, la finesse
        de la progression psychologique et dramatique, la préciosité poé­
        tique, si bien à sa place, les notations pittoresques de la toilette
        féminine, l’habileté pleine d’expérience du père qui conduit
        adroitement l’affaire, la naïveté de la question finale, si parfaite­
        ment amenée et d’un comique qui fait « pointe * ».
          On pourrait isoler, de l’œuvre du fabuliste, toute une série de
        fables féminines, inspirées de la même malice, mais non pas de
        qualité égale. A « la Jeune Veuve », il faudrait joindre « la Fille »
        (VII, 5) qui en est tout juste l’antithèse ; puis viendraient :
        « l’Homme entre deux âges » (I, 17) ; « la Femme noyée » (III, 16) ;
        « le Lion amoureux » (IV, 1) ; « la Vieille et les deux Servantes »
        (V, 6) ; « le Mal Marié » (VII, 2) ; « la Laitière et le Pot au lait »
        (VII, 10) ; « les Devineresses » (VII, 15) ; « les Femmes et le Secret »
        (VIII, 6) ; « Tircis et Amarante » (VIII, 13). Dans ce cycle
        féminin, le portrait des femmes n’est pas flatté ; il s’inspire, en
        droite ligne, de la tradition satirique des fabliaux.

         8.  Allusion possible à une dispute dans laquelle le père du fabuliste
        s’était trouvé mêlé. Il s’agissait des religieuses de l’Hôtel-Dieu de Pon­
        toise, brouillées avec leur supérieure. Mais cette affaire est de 1648.
        Il est plus probable que La Fontaine emprunte ce trait malicieux à
        l’arsenal des lieux communs satiriques. — 9. On trouva de la diffi­
        culté pour assigner une maison à la Discorde.
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