Page 232 - La Lecture Expressive
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il s'y était violemment frappé son front. Son sang coula, sa vue
s'obscurcit : cc Prenez votre fille et mettez-la sur mon cou, dit-il, ou
sur le vôtre, je n'en puis plus.
- Pourrais-tu la sauver si tu ne portais qu'elle ? demanda la
mère.
- Je n'en sais rien, mais je crois que oui », dit le passeur.
4. Mme des Arcis, pour toute réponse, ouvrit les bras, lâcha le cou
du passeur et se laissa aller au fond de l'eau.
Lorsque le passeur eut déposé à terre la petite Camille saine et
sauve, le cocher, qui avait été tiré de la rivière par un paysan, l'aida
à chercher le corps de Mme des Arcis. On ne le retrouva que le len-
demain matin, près du rivage.
Alfred de MussET (Pierre et Camille).
Lee mole : 1, Écluse : cMture avec porte mobile, établie sur une rivière et
permettant de retenir ou de lâcher les eaux (voir page 184, note 1). 2. Empoigner:
saisir avec le poing, en fermant la main. (Retrouver l'idée de poing dans : poigne,
poignée, poignet, poignard, pugilat, inexpugnable : qui ne peut être pris de force ;
répugner : lutter contre, d'où ressentir ou inspirer un violent dégoilt.) 3. Se
cramponner : s'attacher fortement à quelque chose ou à quelqu'un, comme avec
des crampons.
Les Idées : Le danger est de plus en plus effrayant ; notre émotion va crois-
sant, et le drame s'achève par le sacrifice de la mère.
1, Le danger : la dérive du bateau, la perche qui se rompt ...
2. A la nage,: le sang-froid du passeur ...
3, Les vains efforts du passeur : pourquoi ne peut-il gagner la rive?
4, L'héroïque sacrifice de la mère ..•
C. M. 1er D. a