Page 229 - La Lecture Expressive
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Lecture 1 110. L'inondation (ffn)
Il
1. L'eau s'élevait toujours ; il fallut monter sur le toit. C'est là que
tout le monde se réfugia. Appuyé contre la lucarne, j'interrogeais
les quatre points de l'horizon.
« Des secours ne peuvent manquer d'arriver, disais-je. Tenez 1
là-bas, n'est-ce pas une lanterne sur l'eau ? »
Mais personne ne me répondait.
I:.e flot n'était plus qu'à un mètre du toit. En moins d'une heure,
l'eau perdit sa tranquillité de nappe dormante ; elle devint mena-
çante, se ruant sur la maison, charriant des épaves 1, tonneaux
défoncés, pièces de bois ; des maisons s'écroulaient ...
2. Maintenant l'eau atteignait les tuiles; le toit n'était plus qu'une
île étroite, émergeant 2 de la nappe immense. Alors commença
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l'assaut • Jusque-là, le courant avait suivi la rue, mais les décombres
qui la barraient le détournèrent sur nous. Dès qu'une épave, une
poutre passaient à proximité, il la prenait, la balançait, puis la préci-
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pitait contre la maison, comme un bélier • Bientôt, dix, douze
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poutres nous attaquèrent ainsi à la fois de tous côtés. Par moments,
à certains chocs plus durs, nous pensions que c'était fini, que les
murailles s'ouvraient et nous livraient à la rivière.
3. Le village détruit ne montrait plus autour de nous que quelques
pans de murailles. Au loin ronflait la coulée énorme des eaux.
Un instant nous crûmes surprendre, à gauche, un bruit de rames ...
Ah! quelle musique d'espoir, et comme nous nous dressâmes pour
interroger l'espace! Nous retenions notre haleine. Et nous n'aperce-
vions rien. Des épaves nous causèrent de fausses joies, nous agitions
nos mouchoirs jusqu'à ce que, notre erreur reconnue, nous retombions
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dans l'anxiété de ce bruit, sans que nous puissions découvrir d'où
il venait.
4. 11 Ah! je la vois, cria Gaspard, brusquement. Tenez! l:\-bas, une
grande barque 1 11