Page 228 - La Lecture Expressive
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Lecture 109. L'inondation
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l. Nous finissions de dîner, bavardant gaîment, lorsqu'un cri
retentit : « La Garonne ! n
En deux sauts, nous étions dans la cour. Sur le chemin, nous vîmes
fuir deux hommes et trois femmes, qui criaient, affolés , galopant à
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toutes jambes, le visage terrifié , comme si une bande de loups les
eût poursuivis.
« Qu'ont-ils donc, grand-père ? n
2. Je parlais encore lorsqu'une exclamation nous échappa.
Derrière les fuyards, entre les troncs des peupliers, nous venions
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de voir apparaître comme une meute de bêtes grises qui se ruaient.
De toutes parts elles pointaient à la fois, des vagues poussant des
vagues ...
« Vite ! vite! criai-je. Il faut rentrer ... La maison est solide. Nous
ne craignons rien. »
3. Par prudence, nous nous réfugiâmes tout de suite au premier
étage. L'eau envahissait la cour, doucement, avec un petit bruit.
Nous n'étions pas très effrayés .
... Mais bientôt l'eau atteignit un mètre. Je la voyais monter avec
une rapidité effrayante.
4. Dans nos étables les bêtes ruaient. Il y eut tout à coup des bêle-
ments, des beuglements de troupeaux affolés. Puis un craquement
terrible, les animaux furieux venaient d'enfoncer les portes des
étables. lis passèrent dans les flots jaunes, emportés par le courant,.
Les moutons étaient charriés comme des feuilles mortes, tournoyant
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au milieu des remous • Les vaches et les chevaux luttaient, mar-
chaient, puis perdaient pied.
( A suivre.)
Les mots : 1, Affolés : rendus fous par une trop forte émotion. 2, Terrifiés :
frappés de terreur. 3, Une meute : (idée de mouvement) une troupe de chiens de
chasse; le mouvement des vagues qui se poussent, se succèdent, pointent, est
comparé à la course d'une meute de chiens qui se ruent, c'est-à-dire se préci-
pitent furieusement (voir page 218, note 3). 4. Remous : page 218, note 3.