Page 146 - La Lecture Expressive
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Lecture 70. Boum-Boum (fin)
III
s. Et, tout à coup, - il n'y avait pas une demi-heure que le
clown avait disparu, - brusquement la porte se rouvrit, comme
tout à l'heure ; et, dans son maillot noir pailleté 1, la houppette 2
jaune sur le crâne, le papillon d'or sur la poitrine et dans le dos,
un large sourire ouvrant comme une bouche de tirelire sa bonne
figure animée, Boum-Boum, le vrai Boum-Boum du cirque, le Boum-
Boum du petit François, Boum-Boum parut I Et, sur son petit lit
blanc, une joie de vie dans les yeux, riant, pleurant, heureux, sauvé,
l'enfant frappa de ses maigres petites mains, cria bravo et dit, avec
sa gaité de sept ans :
«Boum-Boum! c'est lui, c'est lui cette fois! Voilà Boum-Boum 1
Vive Boum-Boum ! Bonjour, Boum-Boum! »
2. Quand le docteur revint, ce jour-là, il trouva, assis au chevet
du petit François, un clown à face blême, qui faisait rire encore et
toujours rire le petit, et qui lui disait, en remuant un morceau de
sucre au fond d'une tasse de tisane :
(t Tu sais, si tu ne bois pas, toi, petit François, Boum-Boum ne
reviendra plus ! »
Et l'enfant buvait.
- 1c N'est-ce pas que c'est bon ?
- Très bon !... Merci, Boum-Boum !
- Docteur, dit le clown au médecin, ne soyez pas jaloux ... II
me semble pourtant que mes grimaces lui font autant de bien que
vos ordonnances ! »
Le père et la mère pleuraient ; mais, cette fois, c'était de joie.
3. Et, jusqu'à ce que le petit François fût sur pied, une voiture
s'arrêta tous les jours devant le logis d'ouvrier de la rue des Abbesses,
à Montmartre, et un homme en descendit, enveloppé dans un
paletot, le collet relevé, et, dessous, costumé comme pour le cirque,
avec un gai visage enfariné.
t< Qu'est-ce que je vous dois, monsieur? dit à la fin Jacques