Page 196 - Histoire de France essentielle
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Lectures. 188 — LA RÉVOLUTION.
Fig. 160. — Passage du Grand Saint-Bernard.
geurs téméraires qui s’engagent dans ces gorges affreuses. Il fallait
huit heures pour parvenir au sommet du col, à l'hospice même de
Saint-Bernard, et deux heures seulement pour redescendre à Saint-
Rémi. On avait donc le temps de passer avant le moment du grand
danger.
Les soldats surmontèrent avec ardeur les difficultés de cette route.
Ils étaient fort chargés, car on les avait obligés à prendre du biscuit
pour plusieurs jours, et avec du biscuit une grande quantité de car
touches. Ils gravissaient ces sentiers escarpés, chantant au milieu des
précipices, rêvant la conquête de cette Italie où ils avaient goûté tant
de fois les jouissances de la victoire, et ayant le noble pressentiment
de la gloire immortelle qu’ils allaient acquérir. Pour les fantassins, la
peine était moins grande que pour les cavaliers; ceux-ci faisaient la
route à pied, conduisant leur monture par la bride. C’était sans dan
ger à la montée ; mais à la descente, ils étaient exposés, si l’animal
faisait un faux pas, à être entraînés avec lui dans un précipice. Il arriva,
en effet, quelques accidents de ce genre, mais en petit nombre, et il
périt quelques chevaux, mais presque point de cavaliers....
(Thiers.)