Page 192 - Histoire de France essentielle
P. 192
Lectures. — 184 — LA RÉVOLUTION.
rieuses alarmes. L’importance que Bonaparte s’accordait dans ses pro
clamations était de mauvais augure.
Dès que la séanpe est ouverte à Saint-Cloud, un des conjurés veut
remercier le Conseil des Anciens des mesures qu’il a prises. Les députés
républicains assiègent la tribune et l'un d’eux propose de renouveler le
serment à la Constitution de l’an III.
Bonaparte se présente alors au Conseil des Anciens. « Je vous le jure.
dit-il, la pairie n’a pas de plus zélé défenseur que moi, mais c'est sur
vous seuls que repose son salut; il n’y a plus de gouvernement ; quatre des
directeurs ont donné leur démission ; le cinquième a été mis en surveil
lance pour sa sûreté; le Conseil des Cinq-Cents est divisé; il ne reste que
le Conseil des Anciens. Qu’il prenne des mesures, qu’il parle; me voilà
pour exécuter. Sauvons la liberté, sauvons l’égalité. » Le Conseil ap
plaudit aux paroles de Bonaparte.
11 se rend alors au Conseil des Cinq-Cents, à la tète de quelques
grenadiers qu’il laisse à la porte, et s’avance seul, le chapeau bas, A
l’apparition des baïonnettes, les législateurs se lèvent et poussent en
même temps le cri de : o Hors la loi! à bas le dictateur! » Un républicain.
le saisissant par le bras : uQuejailes-vous, lui dit-il, téméraire! Retirez-
vous ; vous violez le sanctuaire des lois. » Bonaparte pâlit, se trouble et
recule. Son éloignement ne fait pas cesseï' le tumulte. Plusieurs voix
s’élèvent et on demande la mise hors la loi du général Bonaparte. Lucien,
son frère, président du Conseil, se dépouille alors de sa loque, de son
manteau et de son écharpe. Un détachement entre dans la salle, enlève
Lucien et le conduit au milieu des troupes. Il harangue les soldats.
Bonaparte prend la parole à son tour. Les cris de : « Vive le général!
vive Bonaparte! » se font entendre. Il donne aussitôt l’ordre de faire
évacuer la salle. Le général Leclerc entre et s’écrie : « Au nom du gé
néral Bonaparte, le Corps législatif est dissous, que les bons citoyens se
retirent. Grenadiers, en avant!.... » Des cris d’indignation s’élèvent de
tous les bancs, mais ils sont étouffes par le bruit des tambours. Les
grenadiers chassent devant eux les législateurs qui font encore entendre
le cri de : « Vive la République! »
Dans cette journée fatale, Bonaparte a violé la loi, confisqué la liberté.
A dater du 18 brumaire, la patrie ne s’appartient plus; elle appartient
à un seul homme. {D’après Mignet.)
Questionnaire. — 1. Quel était le but de l'expédition d’Égypte?— 2. Réussit-
elle? — 3. Quels événements la marquent? — 4. Quels furent ses résultats?
— 5. Situation de la France au retour de Bonaparte. — 6. Qu’appelle-t-on
coup d’Etat? — 7. Jugez un coup d’Etat. — 8. Pourquoi le 18 brumaire réus
sit-il? — 9. La France a gagné et perdu quoi?