Page 200 - Histoire de France essentielle
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Lectures. 192 PÉRIODE CONTEMPORAINE.
pouvons être fiers de Valmy, de Jemmapes, de toutes les journées où
nous luttions pour la liberté, pour l’indépendance nationale, pour la
justice. Mais celles où nous avons lutté afin d’accroître l'injuste puis
sance d’un despote ambitieux et inhumain, ne méritent pas de nous
inspirer de l’orgueil. Du reste, même quand on a le droit pour soi,
c'est chose grave de verser le sang humain. Souvenez-vous des paroles
que prononcèrent les membres de F Assemblée législative lorsqu’ils se
virent forcés de déclarer la guerre à l’Autriche. Ils éprouvèrent le be
soin de se rassurer, de se prouver à eux-mêmes que leur cause était
bonne : « Si votre humanité, disait un orateur, soutire à décréter en
ce moment la mort de plusieurs milliers d’hommes, songez qu'en
même temps vous décrétez la liberté du monde. » — « Oui, votons, dit
un autre, votons la guerre aux rois et la paix aux nations. »
Qu’auraient-ils dit, ces généreux Français, s’ils avaient pu prévoir
l’affreuse vérité, la guerre de conquête, succédant à la guerre défen
sive, et non pas des milliers, mais des centaines de milliers, mais des
millions de vies humaines sacrifiées au monstrueux égoïsme d’un
Napoléon !
(R. Périé, l’École du citoyen.)
Fig. 163. — Bataille d’Austerlitz.