Page 46 - Decrets mars
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est violemment interpellé. U11e personne lui jette un sou pour
salaire; ses acolytes, secrétaire, voiturier, serrnrier perdent
contenance. Le sous-préfet ostensiblement troublé, donne
l'ordre <le refouler la population et dit au lieutenant: « Faites
croiser les baïonnettes au besoin. » S'approchant du R. P.
Frédéric il lui <lit: « Mo11sieur le supérieur, calmez l'efferves-
cence de ces gens, je vous en prie, servez-vous de votre
influence ... » Dans le pèle-mêle occasionné par la marche en
avant des agents Je la force, une violente contestation s'élève
entre Monsieur le lieute11ant de la troupe et un gendarme qui
poursuit trop vivement deux dames.
Sans les supplicatious du R. P. gardien, de Monsieur le
euré et <le plusieurs autres personnes on aurait eu certaine-
ment de graves désordres i1 déplorer.
Avant de remonter eu voitllre, voyant plusieurs membres
du conseil des Pères entourant le gardien dam, la petite cour,
M. Carion se retourne, se découvre et salue profondément ...
Pas un de ces messieurs ne répond.
Enfin, sous les huées immenses, les quolibets, les sifilets et
aux cris répétés de : A bas les crocheteurs ! Vive la liberté !
qui reprennent avec intensité vers la croix, les agents du
gouvernement retournent t'H ville, protégés de près par les
gendarmes et par la troupe.
Nous devons dire à l'honneur des gendarmes et des soldats
que beaucoup ont maudit l'œuvre à laquelle ils étaient forcés
de concourir. Nous en ronnaissons qui ont pleuré et l'on a dit
que le matin, quand l'adjudant commandait le service à la
caserne, les soldats les suppliaient de les charger de toute
autre corvée.
Si Monsieur le sous-préfet lui-même s'est cru autorisé, au
cours de ses exploits à demanJer l'intervention du R. Père
gardien et des personnes qui l'assistaient c'est qu'il comprenait
l'irritation légitime de tous ces fidèles à qui l'on a promis tant
de fois que la République respecterait la religion et qui se
voyaieut insultés, au 110111 de cette République, dans leurs
plus chères croyances.