Page 44 - Decrets mars
P. 44
l
_ 42 _
l'acclame, le P. Jean-Marie bénit les deux gendarmes qui
l'ont emmené. Ceux-ci s'inclinent respectueusement.
Cellule N° 1/J. Bienheureux Crispin. - Le Frère Lazare
y est trouvé agenouillé devant sa petite chapelle resplendis-
sante de cierges.
Quand la porte tombe. M. C. Tavernier, ancien notaire, beau
vieillard de quatre-vingts ans, qui assiste, les bras croisés, à
cette démolition, s'écrie: « Quelle besogne !. .. Messieurs, j'ai
déjà bien vécu, mais je n'ai pas vu encore de choses si atroces
et je ne pensais pas les voir de ma vie ... »
Quatre Frères subissent les mêmes violences que les
Révérends Pères et sont conduits comme eux en triomphe par
la population dans la maison de M. J. Ramel, en face du
couvent.
A l'intérieur du monastère une antre porte est à son tour
l'objet de la sollicitude administrative. Un peu plus, monsieur
le sons-préfet monte j11sq11'ar1 galetas ... Il se dispose à le faire
quand on lui annonce qu'une chambre a été oubliée et qu'on y
entend du brnit. C'est le brave nw;on Depraz de Concise, qui,
dès le comu1encernent, signale de sa fenêtre à la foule, l'expul-
sion de chacun des Pères en poussant de sa robuste poitrine
un cri puissant de : Vivent les capucins !
On force sa porte, le chambranle se détache du mur, tombe
et le blesse à la tête : furieux, il le saisit dans ses deux mains
de colosse et va en asséner un coup terrible sur l'exécuteur
quand, heureusement, la pièce de menuiserie heurte la paroie.
La foule, voyant le sang couler de son front, J'accueille avec
des bravos frénétiques. Toutes ces dames veulent lui serrer
la main.
LES SCELLÉS A LA CHAPELLE
li y a deux heures et demie qu'on opère. Vingt-trnis portes
ont été forcées ot1 brisées; les corridors so11t jonchés de débris
et de décombres, mais le grand acte d'iniquité n'est pas encore