Page 45 - Decrets mars
P. 45
- 43 -
accompli. Il s'agit d'apposer les scellés prescrits par l'anêté
préfectoral.
M. Carion fait alors demander le P. Frédéric pour obtemr
la clef de la chapelle. Celui-ci arrive ; il est arrêté; les soldats
ignorent l'ordre, l'obligent à attendre. - « Je ne suis pourtant
point le valet de monsieur le sons-préfet, dit fièrement le
Père gardien. - Non, répond la foule, n·auendez pas! ...
Vous êtes le Père des pauvres, s'écrie une dame, vous n"êtes
pas le valet de ces crocheteurs ! - Pauvres enfants! dit le
Père en s'adressant à la troupe, à quel métier on vous force de
prêter vos bras ... J'aime les soldats, je les ai vus dans les am-
bulances, je ne pensais pas qu'un ,iour ils me chasseraient de
chez moi. .. » L'un d'eux lui répond: « Oui, mon Pèie, t1iste,
bien triste métier, li vaudrait mieux briser nos armes et pas-
ser la frontière ... ,> La foule entend ces mots et crie. Vive
l'armée'! Les soldats se détournent pour cacher leur é1uotion.
Mais l'ordre arrive de laisser passer le Père, il entre accom-
pagné de M. Vaudaux, dans la chapelle ouverte et s'y reu-
contre avec le serrurier Plautaz. - << C'est donc vous qui avez
fait cette infàme besogne? - Oui ... - D'où êtes-vous?
De Bonneville ... - De Bonneville! ... Je suis aussi de cet
arrondissement. .. c'est beau de traiter ainsi un compatriote ...
Regardez ce tabernacle ouvert, malheureux, vous avez prêté
votre concours à ceux qui en ont chassé Dieu ... tremblez que
Diet1 ne vous atteigne un jour ... »
A la vue du sous-préfet, de son secrétaire Levrez et du
serrurier s'avançant pour mettre les scellés sur la g1 ande
porte de la chapelle, l'indignation de la population éclate dans
toute sa force. On n'entend que des cris, des sanglots, des
huées stridentes: A bas les crocheteurs ! A bas les décrets!
Vive la religion ! Vivent les Pèi'es ! Vive la libellé ! A bas ....
A bas!. ..
Un vieillard, M. P. l\tt;g-em-tnùdont la famille est s1 populaire
en Chablais, invoque à haute voix le secours de Dieu. M. le
1:omte Amédée de Foras présente fièrement les mains à un
gendarme qui a osé le menacer des menottes. Le sous-préfet