Page 45 - Decrets mars
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       accompli.  Il  s'agit  d'apposer  les  scellés  prescrits  par  l'anêté
       préfectoral.
        M.  Carion  fait  alors  demander  le  P.  Frédéric  pour obtemr
       la clef de  la  chapelle.  Celui-ci  arrive ; il  est  arrêté;  les soldats
      ignorent l'ordre,  l'obligent à attendre.  -  « Je  ne  suis  pourtant
      point  le  valet  de  monsieur  le  sons-préfet,  dit  fièrement  le
      Père  gardien.  -  Non,  répond  la  foule,  n·auendez  pas! ...
       Vous  êtes le  Père  des  pauvres,  s'écrie  une  dame,  vous  n"êtes
      pas le valet de  ces  crocheteurs !  -  Pauvres  enfants!  dit  le
       Père en s'adressant à la  troupe,  à quel  métier on  vous  force  de
      prêter vos  bras ... J'aime  les soldats,  je les  ai  vus  dans  les am-
      bulances,  je ne  pensais  pas  qu'un  ,iour ils  me  chasseraient de
      chez  moi. ..  » L'un  d'eux  lui  répond:  « Oui,  mon  Pèie,  t1iste,
       bien  triste  métier,  li  vaudrait  mieux  briser nos  armes  et  pas-
      ser  la frontière ...  ,>  La  foule  entend  ces  mots  et  crie.  Vive
      l'armée'!  Les  soldats se  détournent pour cacher leur é1uotion.
        Mais  l'ordre arrive de  laisser passer le  Père,  il  entre accom-
      pagné  de  M.  Vaudaux,  dans  la  chapelle  ouverte  et  s'y  reu-
      contre avec le  serrurier Plautaz.  -  <<  C'est donc  vous qui  avez
      fait  cette  infàme  besogne?  -  Oui ...  -  D'où  êtes-vous?
      De  Bonneville ...  -  De  Bonneville! ...  Je  suis  aussi  de  cet
      arrondissement. ..  c'est beau  de  traiter ainsi  un  compatriote ...
      Regardez  ce  tabernacle  ouvert,  malheureux,  vous  avez prêté
      votre concours à ceux  qui  en  ont  chassé  Dieu ...  tremblez que
      Diet1  ne  vous  atteigne un  jour ...  »
        A la  vue  du  sous-préfet,  de  son  secrétaire  Levrez  et  du
      serrurier  s'avançant  pour  mettre  les  scellés  sur  la  g1 ande
      porte de  la  chapelle,  l'indignation de  la  population  éclate  dans
      toute  sa  force.  On  n'entend  que  des  cris,  des  sanglots,  des
      huées  stridentes:  A  bas  les  crocheteurs ! A bas  les décrets!
      Vive la  religion  !  Vivent  les  Pèi'es  !  Vive  la  libellé !  A bas ....
      A bas!. ..
        Un  vieillard, M. P. l\tt;g-em-tnùdont la  famille  est s1  populaire
      en  Chablais,  invoque  à  haute  voix  le  secours  de  Dieu.  M.  le
      1:omte  Amédée  de  Foras  présente  fièrement  les  mains  à  un
      gendarme qui a osé  le  menacer des  menottes.  Le  sous-préfet
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