Page 97 - Apiculture Moderne
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CONDUITE DU RUCHER.                   93

           Ce serait une erreur de croire qu’on peut nourrir sûrement une
           ruche verticale en lui laissant une hausse garnie de rayons de
           miel, car en hiver les abeilles n’y monteraient souvent pas et se
           laisseraient mourir de faim.
             On pourrait donner également aux abeilles du miel épais en
           nature, ou une pâte composée d’une partie de miel et quatre de
           sucre en poudre ; mais par le froid on doit éviter de donner toute
           nourriture liquide, parce qu’elle prédispose les abeilles à la
           dysenterie. Un autre moyen fort simple de nourrissement consiste
           à introduire dans une ruche un rayon plein de miel, pris à une
           autre ruche qui en a de trop, et que l’on désopercule, s’il est
           operculé.
             Dans tout nourrissement la nourriture donnée aux abeilles est
           de suite emmagasinée par elles dans les rayons à miel pour y être
           reprise au fur et à mesure des besoins.
             Pendant l’hiver, une colonie moyenne ne consomme guère que
           500 à 600 grammes de matières sucrées par mois. Mais dès le
           froid passé, la mère pond et l’élevage du couvain commence ;
           alors la consommation s’élève vers 12 kilogrammes jusqu’au
           milieu du mois de mai. Si donc la récolte est faible pendant cette
            période, la ruche ne prospérera pas, et il y a en conséquence
           grand intérêt à donner beaucoup de nourriture ; les abeilles ne
            consommeront jamais au delà de leurs besoins, et l’excédent
            qu’on pourrait leur donner ne sera pas perdu : il restera dans la
            ruche.
             Passé le mois de mars, la ponte augmente rapidement. Il faut
            alors nourrir plus abondamment, pour stimuler l’élevage du
            couvain.
             On peut à cette époque employer un sirop formé de miel délayé
            dans un peu d’eau : cinq à six parties du premier pour quatre
            d’eau par exemple, qu’on additionne, si l’on veut, d’un peu de
            vinaigre oif d’une poignée de sel. Parfois on ajoute aussi au sirop
            quelques gouttes d’acide salicylique dissous dans l’alcool.
             Le nourrissement doit être, en quantité, subordonné à la
            miellée du dehors et à la température, plus abondant s’il fait
            froid et s’il y a peu de fleurs. Il sera continué durant tout le mois
            de mai, époque des premiers essaims. Le nourrissement hâte la
            ponte et l’élaboration de la cire. Fortement nourries, les abeilles
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