Page 92 - Apiculture Moderne
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88 CONDUITE DU RUCHER.
Les piqûres sur les mains sont sans inconvénients sérieux. Aux
gens trop sensibles nous conseillerons simplement l’emploi d’une
paire de gants; on en fait de toutes sortes exprès pour cela, en
coton épais, en laine et en cuir.
La vaseline, dit-on, de même que le citron et surtout l’absinthe,
ont la propriété d’éloigner les abeilles; il suffirait de s’en frotter
les mains et la figure. 11 existe des préservatifs spéciaux, Y amé
ricain apifuge, par exemple, inventé par M. Pasteur, photo
graphe à l’Observatoire de Meudon.
11 faut dire qu’au bout d’un certain nombre de piqûres succes
sives on subit une sorte de vaccination et que les suivantes ne
produisent plus ni enflure ni douleur; mais il est incontestable
que généralement les abeilles ne cherchent pas à piquer. Nous
nous contenterons de donner aux débutants les conseils suivants:
opérez toujours avec calme, de préférence au milieu du jour (non
par un temps de pluie ou d’orage) ; ne chassez pas violemment
une abeille qui semble vouloir piquer, mais retirez-vous douce
ment de la ruche; si vous l’effrayez, il est probable qu’elle s’achar
nera contre vous et que d’autres viendront à la rescousse.
Les abeilles s’habituent au voisinage de l’homme ; dans les en
droits fréquentés, elles sont moins agressives, elles paraissent
reconnaître la personne qui les soigne, et attaquent moins souvent
l’apiculteur. Cela tient sans doute à ce qu’il n’hésite pas dans ses
mouvements, qui sont d’ordinaire mesurés et réfléchis *. Suivant
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M. Thibaut1 les abeilles semblent peu disposées à piquer quand
elles ont l’abdomen plein de miel, et M. de Layens affirme que
loin de leur habitation elles ne piquent jamais à moins qu’on ne
les serre dans la main.
L’effet des piqûres peut persister plusieurs jours. Les remèdes
1. Nous pourrions citer ici un exemple frappant de la sociabilité des abeilles.
Le rucher de la Société centrale d’Apiculture (fig. 99) est situé en plein jardin du
Luxembourg, presque sur le bord d’une allée, et jamais les promeneurs, ni
les enfants qui viennent jouer tout auprès n’ont eu à souffrir d’aucune piqûre.
Le cours annuel et public d’apiculture s’est toujours fait au milieu du rucher,
sans qu’on ait jamais eu lieu de signaler aucun accident. Si quelques cas de
piqûres ont pu être constatés, ils ont toujours été occasionnés par des enfants
poursuivant une abeille ou cherchant à la frapper ou à l’écraser.
2. Thibaut, Manuel d'Apiculture rationnelle (1894, Liège).