Page 90 - Apiculture Moderne
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Sfi            CONDUITE DU RUCHER.

          combustibles : papier, chiffons, gaule pourri ou bois sec quel­
          conque, bouse de vache desséchée, marc de cire, etc. On vend
          un charbon spécial, le charbon Stoher, qui facilite l’allumage de
          ces diverses matières.
           Une mention spéciale doit être faite pour les chiffons nitrés et
          la vesse de loup. Les premiers se préparent en faisant dissoudre
          5 grammes de salpêtre dans une demi-verre d’eau. On fait absor­
          ber ce liquide par des chiffons de fil ou de coton qui, après des­
          siccation, brûlent sans s’éteindre en fournissant une fumée qui
          agit très énergiquement sur les abeilles. Le salpêtre employé doit
         être pur; autrement il pourrait contenir des sels qui, pendant la
         combustion, donneraient naissance à des gaz délétères capables
         de tuer les abeilles.
           La vesce de loup endort les abeilles plus lentement que la fumée
         nitreuse, mais avec moins de risque de les tuer. On en met dans
         l’enfumoir un morceau de la grosseur d’un œuf avec quelques
         charbons ardents pour entretenir la combustion.
           Au bout de quelques instants, les abeilles enfumées battent des
         ailes et font entendre un bourdonnement particulier; c’est ce qu’on
         appelle le bruissement, état durant lequel elles ne chercheront ni
         à s’enfuir ni à piquer. Ce qui a fait dire à l’abbé Colin : « La fumée
         est un ambassadeur qui réussit toujours à négocier une paix
         honorable entre les parties. » Ce bruissement est probablement
         produit par le rapide battement d’ailes auquel elles se livrent pour
         chasser la fumée. D’après quelques auteurs, il résulterait de l’ab­
         sorption du miel dans leur jabot, et ne pourrait se produire quand
         elles n’ont pas de provisions. Il est vrai qu’à ce moment les abeilles
         se hâtent de s’en gorger, mais la première explication nous paraît
         néanmoins la plus admissible. La fumée, dit M. Bertrand, est
         sans effet sur les ruches sans provisions.
           On active l’état de bruissement en frappant sur les parois de la
         ruche, ce qui naturellement effraye les abeilles, et en désoperculant
         un peu de miel dans le haut des rayons; car c’est quand l’abeille
         est bien gorgée que le bruissement atteint son rythme régulier.
           On maintient ainsi les abeilles pendant le temps nécessaire, en
         continuant de les enfumer légèrement et avec précaution.
           On doit toujours commencer par enfumer doucement, et suivre
         attentivement l’action de la fumée, sans s’effrayer s’il tombe quel­
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