Page 715 - Les merveilles de l'industrie T1
P. 715

LE SOUFRE ET L’ACIDE SULFURIQUE.                             711

         étant traitées par l’acide chlorhydrique, ।  nature analogue sont de bons dissolvants les
         comme dans le procédé de M. Schaftner,    uns pour les autres.
         fournissent un dépôt de soufre.             Le soufre cristallise en petites aiguilles,
           L’oxydation des marcs de soude ayant été   ou prismes aiguillés, quand on provoque sa
         réglée de manière à ce que les lessives con­  cristallisation par fusion. Il cristallise en
         tiennent deux équivalents de sulfure de   octaèdres quand on obtient les cristaux par
         calcium pour un d’hyposulfite, on les fait   l’évaporation d’une dissolution de soufre
         couler, avec une quantité équivalente d’acide   dans le sulfure de carbone. Mais au bout de
         chlorhydrique faible, dans des vases en bois   quelque temps, ces cristaux octaédriques
         ou en briques inaltérables par les acides. 11   reviennent d’eux-mêmes à la forme prisma­
         se précipite, sans dégagement sensible d’a­  tique. C’est là une des particularités les plus
         cide sulfhydrique, du soufre un peu grisâtre,   intéressantes de l’histoire du soufre.
         mais pur, qui est fondu et livré au commerce.  La chaleur produit sur le soufre des phé­
            Ce moyen de régénérer le soufre est     nomènes physiques extrêmement curieux, et
         aujourd'hui pratiqué dans quelques usines   dont les ouvriers des calcaroni de Sicile tien­
         de Marseille, et dans l’usine de M. Merle,   nent compte sans s’en douter. 11 n’est fluide
          à Salindres (Gard).                       qu’à un certain degré de température. A
                                                    111°, il fond, et coule alors comme de l’huile.
                                                    Telle est la température qu’il ne faut pas
                                                    dépasser dans les calcaroni, pour que le
                      CHAPITRE VI                   soufre fondu puisse couler sans obstacle.
                                                    Mais si on le chauffe au-dessus de 111°, au
          rnOPRlÉTÉS PHYSIQUES ET CHIMIQUES DU SOUFRE. — SES
                    USAGES DANS L’INDUSTRIE.        lieu d’augmenter de fluidité, il s’épaissit,
                                                    et sa consistance ne fait qu’augmenter à
            Obtenu par l’un quelconque des pro­     mesure que sa température s’élève davantage.
          cédés que nous venons de décrire, et soumis   Quand il est parvenu à 220°, il est tellement
          à des purifications suffisantes, le soufre est   visqueux que l’on peut retourner la cuiller
          un corps simple dont il importe de con­   ou le matras dans lequel on le chauffe, sans
          naître les propriétés générales, en vue des   qu’il abandonne le vase.
          différents emplois qu'il trouve dans l'indus­  A 403° le soufre entre en ébullition, et
          trie.                                     distille comme un liquide ordinaire.
            Le soufre est de couleur jaune ; il est   Des phénomènes moléculaires fort curieux
          mauvais conducteur de la chaleur et de l’é­  se produisent quand on refroidit brusque­
          lectricité. C’est par suite de sa mauvaise   ment le soufre fondu. Si l’on jette dans l’eau,
          conductibilité pour le calorique qu’un bâ­  pour le refroidir, du soufre fondu et vis­
          ton de soufre tenu dans la main et échauffé   queux, à la température de 300°, il reste mou
          à ce contact, se brise, en raison de l’iné­  et élastique après le refroidissement, et ne
          gale dilatation de ses molécules, qui déter­  pourrait servir, en cet état, à prendre les em­
          mine leur brusque séparation, c’est-à-dire   preintes, usage auquel on le consacre quel­
          la rupture du bâton.                      quefois. Mais si on le jette dans l’eau quand
            Le soufre pèse deux fois plus que l’eau :   il est fondu, de manière à ne pas dépas­
          sa densité est 2,08. Soluble dans très-peu   ser la température de 111°, il reste cassant
          de corps, il se dissout pourtant dans le sul­  et jaune après le refroidissement, et en
          fure de carbone et le chlorure de soufre, car   cet état il sert à prendre les empreintes des
          la chimie nous a appris que les corps de   corps.
   710   711   712   713   714   715   716   717   718   719   720