Page 718 - Les merveilles de l'industrie T1
P. 718

714                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

                   on n’obtiendrait pas des résultats compara­  ont été soumis à une double porphyrisation
                   bles. Pour faire disparaître toute inégalité,   ils peuvent atteindre le titre de 70 degrés.
                   on met la fleur de soufre en suspension   Ce point de départ éclaire suffisamment le
                   dansunliquidequi la mouille bien. M. Chan­  viticulteur qui désire s’assurer de la qualité
                   cel se sert d’éther sulfurique, qui réunit   du soufre trituré qu’il achète.
                   ces deux conditions.                         En 1870, les viticulteurs napolitains ont
                     On remplit donc le tube-essayeur d’éther,   essayé de substituer au soufre employé con­
                   on l’agite avec la fleur de soufre, de manière   tre la maladie de la vigne, la terre soufrée
                   que la masse entre en suspension dans le   de la solfatare de Pouzzoles, et cette substi­
                   liquide ; on place le tube verticalement sur   tution a donné de bons résultats.
                   un support, et on le laisse reposer. Au bout   M. de Luca s’est livré à quelques recher­
                   de cinq minutes le tassement définitif est   ches pour expliquer l’effet curatif de cette
                   fait, et on peut lire le résultat sur la gra­  terre soufrée. D’après ce chimiste, la terre
                   duation du tube.                          de la solfatare de Pouzzoles contient du
                     Les bonnes fleurs de soufre du commerce   soufre sous forme cristalline et en petites
                   marquent 50 à 60° au tube-essayeur. Les fleurs   agglomérations, quelques traces de sulfures
                   de qualité supérieure occupent dans le tube   d’arsenic et des matières volcaniques po­
                   75 à 90 divisions. Il est rare d’en trouver   reuses. On réduit cette terre en poudre très-
                   qui atteignent à 95 et à 100 divisions. Les   line, que l’on utilise d’après les procédés
                   qualités inférieures en occupent de 35 à 40.  ordinaires du soufrage. On a constaté, en
                     Nous avons dit, en parlant des soufres   1872, que cette terre placée autour du
                   sublimés et triturés, que pour le traitement   cep de la vigne, à une faible profondeur,
                   des vignes on remplace les fleurs de soufre   dans la proportion de 200 à 1000 grammes,
                   par du soufre brut, trituré et simplement   selon la grosseur du cep, rend la végétation
                   passé au tamis de soie. L’action de l’une et de   plus vigoureuse, tue les insectes qui s’atta­
                   l'autre forme est, d’ailleurs, la même sur les   chent aux racines et aux parties extérieures
                   vignes malades. Le tube-essayeur de M. Chan­  de la plante et augmente la production des
                   cel peut servir à essayer et à comparer entre   grappes en nombre comme en qualité. Les
                   eux les soufres triturés. Seulement, dans la   grains de raisin ne tombent plus en pourri­
                   pratique, il faut attendre un peu plus long­  ture, ainsi que cela arrive, lorsque le temps
                   temps que le tassement s’opère, quand on a   est très-humide et pluvieux.
                   ajouté l’éther.                             Ce n’est pas la terre par elle-même qui
                     Les soufres triturés et sublimés n’ont pas   agit, mais bien les produits qui se forment
                   la même forme moléculaire. Les soufres    progressivement avec les matières sulfureu­
                   sublimés, vus au microscope, ont un aspect   ses et arsenicales, sous l’influence de l’oxy­
                   globuleux, tandis que les soufres triturés   gène de l’air et de l’eau de pluie.
                   présentent au microscope l’aspect de petits   En faisant agir l’eau distillée pendant plu­
                   cristaux plats et anguleux. Les indications   sieurs jours sur cette terre, et répétant ce la­
                   fournies parle tube-essayeur neseraientdonc   vage plusieurs fois, M. de Luca a constaté
                   pas rigoureusement comparables pour les   dans l’eau qui la traverse, après filtration et
                   soufres sublimés et triturés. La comparaison   concentration de cette eau, la présence des
                   ne peut s’établir qu’entre les diverses qua­  sulfites, sulfates et arsénites de chaux, de
                   lités de chacune de ces espèces. Les soufres   potasse, de magnésie et de fer, avec quel­
                   triturés du commerce marquent de 35 à 40 de­  ques traces de composés ammoniacaux. Les
                   grés dans le tube de M. Chancel. Quand ils   acides libres, tels que l’acide sulfureux,
   713   714   715   716   717   718   719   720   721   722   723