Page 714 - Les merveilles de l'industrie T1
P. 714

710                    MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

               de 50 à 60 centimètres de hauteur, qu’on ar­  incliné. Le sulfate de chaux se délaye, et les
               rosait de temps en temps et qu’on retournait   gouttelettes de soufre se réunissent en une
               plusieurs fois. Au bout de quelques mois   masse fluide, que l’on coule. Ce soufre est
               d’exposition, on lessivait la matière par   très-pur et propre à tous les usages, même à
               l’eau, et le résidu subissait de nouveau, pen­  la fabrication de la poudre.
               dant quelques jours, au contact de l’air, une   Cette régénération du soufre n’est pas
               nouvelle oxydation, après laquelle on lavait   seulement utilisée dans les usines d’Aussig
               une seconde fois. Les eaux faibles, ainsi   et de Stolberg; elle a été introduite avec
               obtenues, étaient utilisées d’une manière   succès dans beaucoup d’autres fabriques,
               méthodique, pour lessiver une matière plus   dans celle de Grisheim, près de Francfort, et
               riche en produits solubles. Toutes ces eaux   dans celle de Manheim, où le directeur,
               de lavage réunies, traitées par l’acide chlor­  M. Goudlack, extrait une tonne de soufre
               hydrique, donnaient lieu à un dépôt de    par jour.
               soufre et à de l’eau, si la matière était assez   En 1851, M. Ludwig Moud, prit en An­
               oxydée et ne contenait que la dose d’hypo-   gleterre un brevet d invention pour substi­
               sulfite qui correspond à celle du polysul­  tuera l’oxydation faite en tas, une oxydation
               fure. Si ce dernier était prédominant, il se   plus rapide, opérée sur des claies. En 1863,
               dégageait aussi de l’acide sulfhydrique, ce   il prit un nouveau brevet, qui commence à
               qu'il importe d’éviter autant que possible.  être appliqué dans d’importantes usines an­
                 A Stolberg, près d’Aix-la-Chapelle, M. Ilas-   glaises.
               senclevcr, directeur de la fabrique de pro­  Ce procédé consiste à oxyder le marc
               duits chimiques la Rhenania, a introduit le   de soude, sans lui faire subir aucun dépla­
               procédé de son gendre, M. Schaffner, en le   cement, et dans le même bac à lixiviation qui
               perfectionnant. Le traitement des eaux char­  le contient. Cette oxydation a lieu par un
               gées de polysulfure de calcium, dites eaux   courant d’air qui, injecté au fond de ce bac,
               iaunes, s’opère, à Stolberg, dans deux cuviers,   au moyen d’un ventilateur, s’échappe par
               dans l’un desquels on verse l’acide, et dont   la surface, après avoir circulé autour de
               l’autre est rempli de ces mêmes eaux desti- !  chacun des fragments de sulfure oxydable.
               nées à absorber les gaz échappés du premier,   Aussitôt que l’oxydation est assez avancée,
               quand il s en est produit. L’opération termi­  la masse est lessivée méthodiquement dans
               née, le second vase reçoit à son tour l’acide,   le même vase. Ces opérations successives
               tandis que le premier sert, réciproquement, à   sont répétées encore deux fois, et cela sans
               retenir les gaz. Un simple mouvement de ro­  que la masse soit remuée. Toutes ces opéra­
               binets permet de donner à chacun des vases   tions, oxydations successives et lessivages,
               le rôle qu’il doit jouer au moment voulu. *  sont, à ce qu’affirme M. Mond, exécutées en
                 Le dépôt qui se forme, dans cette circons­  soixante-douze heures. 11 faut, pour cette
               tance, n’est pas du soufre pur. 11 contient 8   opération nouvelle, un nombre de bacs une
               à 10 pour 100 de sulfate de chaux, dont il   fois et demie aussi grand que celui qu’exige
               serait difficile de le séparer par une fusion   la marche ordinaire de l’opération, de telle
               opérée dans les conditions ordinaires. Celte   sorte qu’en augmentant dans cette propor­
               séparation s’exécute d’une manière facile,   tion cette partie du matériel, on économise
               en opérant, dans une marmite autoclave,   la main-d'œuvre et les frais qu’entraînent
               avec le concours de l’eau chauffée à 120 de­  la mise en tas, le tournementet le retourne­
               grés. Un agitateur remue la masse placée   ment descharrées.
               dans un cylindre, ou vertical, ou légèrement   Ces lessives de sulfure et d’hyposulgte
   709   710   711   712   713   714   715   716   717   718   719