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710 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
de 50 à 60 centimètres de hauteur, qu’on ar incliné. Le sulfate de chaux se délaye, et les
rosait de temps en temps et qu’on retournait gouttelettes de soufre se réunissent en une
plusieurs fois. Au bout de quelques mois masse fluide, que l’on coule. Ce soufre est
d’exposition, on lessivait la matière par très-pur et propre à tous les usages, même à
l’eau, et le résidu subissait de nouveau, pen la fabrication de la poudre.
dant quelques jours, au contact de l’air, une Cette régénération du soufre n’est pas
nouvelle oxydation, après laquelle on lavait seulement utilisée dans les usines d’Aussig
une seconde fois. Les eaux faibles, ainsi et de Stolberg; elle a été introduite avec
obtenues, étaient utilisées d’une manière succès dans beaucoup d’autres fabriques,
méthodique, pour lessiver une matière plus dans celle de Grisheim, près de Francfort, et
riche en produits solubles. Toutes ces eaux dans celle de Manheim, où le directeur,
de lavage réunies, traitées par l’acide chlor M. Goudlack, extrait une tonne de soufre
hydrique, donnaient lieu à un dépôt de par jour.
soufre et à de l’eau, si la matière était assez En 1851, M. Ludwig Moud, prit en An
oxydée et ne contenait que la dose d’hypo- gleterre un brevet d invention pour substi
sulfite qui correspond à celle du polysul tuera l’oxydation faite en tas, une oxydation
fure. Si ce dernier était prédominant, il se plus rapide, opérée sur des claies. En 1863,
dégageait aussi de l’acide sulfhydrique, ce il prit un nouveau brevet, qui commence à
qu'il importe d’éviter autant que possible. être appliqué dans d’importantes usines an
A Stolberg, près d’Aix-la-Chapelle, M. Ilas- glaises.
senclevcr, directeur de la fabrique de pro Ce procédé consiste à oxyder le marc
duits chimiques la Rhenania, a introduit le de soude, sans lui faire subir aucun dépla
procédé de son gendre, M. Schaffner, en le cement, et dans le même bac à lixiviation qui
perfectionnant. Le traitement des eaux char le contient. Cette oxydation a lieu par un
gées de polysulfure de calcium, dites eaux courant d’air qui, injecté au fond de ce bac,
iaunes, s’opère, à Stolberg, dans deux cuviers, au moyen d’un ventilateur, s’échappe par
dans l’un desquels on verse l’acide, et dont la surface, après avoir circulé autour de
l’autre est rempli de ces mêmes eaux desti- ! chacun des fragments de sulfure oxydable.
nées à absorber les gaz échappés du premier, Aussitôt que l’oxydation est assez avancée,
quand il s en est produit. L’opération termi la masse est lessivée méthodiquement dans
née, le second vase reçoit à son tour l’acide, le même vase. Ces opérations successives
tandis que le premier sert, réciproquement, à sont répétées encore deux fois, et cela sans
retenir les gaz. Un simple mouvement de ro que la masse soit remuée. Toutes ces opéra
binets permet de donner à chacun des vases tions, oxydations successives et lessivages,
le rôle qu’il doit jouer au moment voulu. * sont, à ce qu’affirme M. Mond, exécutées en
Le dépôt qui se forme, dans cette circons soixante-douze heures. 11 faut, pour cette
tance, n’est pas du soufre pur. 11 contient 8 opération nouvelle, un nombre de bacs une
à 10 pour 100 de sulfate de chaux, dont il fois et demie aussi grand que celui qu’exige
serait difficile de le séparer par une fusion la marche ordinaire de l’opération, de telle
opérée dans les conditions ordinaires. Celte sorte qu’en augmentant dans cette propor
séparation s’exécute d’une manière facile, tion cette partie du matériel, on économise
en opérant, dans une marmite autoclave, la main-d'œuvre et les frais qu’entraînent
avec le concours de l’eau chauffée à 120 de la mise en tas, le tournementet le retourne
grés. Un agitateur remue la masse placée ment descharrées.
dans un cylindre, ou vertical, ou légèrement Ces lessives de sulfure et d’hyposulgte