Page 711 - Les merveilles de l'industrie T1
P. 711
LE SOUFRE ET L’ACIDE SULFURIQUE. 707
fer, N, que l’on fait aller et venir à l’inté tique à cette époque, en Saxe et en Bohème,
rieur du tube, maintient toujours libre le et on continue encore, dans ces deux pays, a
passage du soufre. Un conduit H, fermé par distilleries pyrites, pour en retirer le sou
un opercule en fonte, sert à nettoyer la chau fre. Le résidu de l’opération constitue un
dière. Quand on ouvre le robinet P, le soufre sous-sulfure de fer, que l’on transforme en
qui s’est condensé dans la chambre D, s’é suite en sulfate de fer, en l’abandonnant à
coule dans le récipient R. l’action de l’air humide, qui oxyde à la fois
Cet appareil fournit du soufre en fleurs ou le soufre et le fer.
du soufre liquide, suivant le moment de | Pour extraire le soufre des pyrites de
l’opération; mais en raison des faibles di- ; fer, on distille le minerai dans des tuyaux
mensions de la chambre, on ne peut ob cylindriques en poterie, qui sont rangés
tenir que de très-petites quantités de soufre horizontalement dans un fourneau, au nom
en fleurs. bre de 12 ou 24, et qui reçoivent chacun
L’appareil allemand n’est qu’un vaste 25 kilogrammes environ de minerai. Ces
alambic distillatoire économique dans sa tuyaux sont fermés à leurs deux bouts. Un
construction, mais qui ne saurait fournir, tuyau en terre adapté à une de leurs extré
comme l’appareil Michel, en usage à Mar mités, conduit le soufre distillé dans un ré
seille, de grandes quantités de fleurs de cipient où il se condense.
soufre. La figure 398 représente le fourneau dans
lequel on décompose la pyrite, pour en ex
traire le soufre. On introduit le minerai dans
CHAPITRE V des tuyaux de terre, D, D, D, par le bout le
plus large, après avoir placé au bout le plus
EXTRACTION DU SOUFRE DES PYRITES. — SOUFRE PROVE
étroit’une étoile en terre, qui donne issue
NANT DU GRILLAGE DES MINERAIS. — I.E SOUFRE
aux vapeurs, et permet au soufre de couler.
RETIRÉ DES MARCS DE SOUDE.
On ferme avec soin le bout le plus large avec
En Saxe, en Bohème, à Chessy, près de un couvercle de terre, et l’on adapte au bout
Lyon, ou retire le soufre parla distillation le plus étroit un tube recourbé en fonte
de la pyrite de fer, c’est-à-dire du bisulfure (G, G, G) qui amène le soufre distillé dans
de fer naturel. Par l’action de la chaleur un récipient R. Ces tuyaux, au nombre de
seule, la pyrite de fer abandonne, en effet, douze ou de vingt-quatre, pour un même
une partie de son soufre. Ce procédé d’ex fourneau, ainsi que nous l’avons dit, sont
traction du soufre a peu d’importance au légèrement inclinés, de manière que des deux
jourd’hui, et le soufre ainsi obtenu ne figure extrémités qui dépassent le fourneau, la
que pour de très-petites quantités dans la plus large soit la plus élevée, et la plus
production générale ; mais il est intéressant étroite la plus basse.
de savoir que l’on pourrait, au besoin, se Tous les sulfures de fer naturels ne sont
passer des soufres de la Sicile, et les rem pas également propres à l’extraction du sou
placer par les pyrites chauffées en vase clos. fre : le bisulfure de ce métal est le seul que,
L’extraction du soufre du bisulfure de fer sous ce rapport, on puisse exploiter avec
fut mise en usage en France sous le premier avantage ; encore ne faut-il pas croire que
Empire, par un manufacturier nommé Dar- le soufre qu’on en retire soit en proportion
tigues, au moment où le blocus continental avec la grande quantité de soufre contenue
empêchait l’arrivée des soufres de Sicile. dans la pyrite, quantité qui s’élève à 54 pour
Cette méthode était, du reste, déjà en pra 100. On pourrait, il est vrai, en extraire la