Page 707 - Les merveilles de l'industrie T1
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LE SOUFRE ET L’ACIDE SULFURIQUE.                             703

         Ce minerai est introduit dans des cylin­  quelques dispositions secondaires depuis
       dres en fonte, de 2 mètres de hauteur, par­  son invention, qui remonte au commen­
       faitement fermés. On fait alors couler du   cement de notre siècle.
       sulfure de carbone sur ce minerai, et on lui   L’appareil distillatoire de Michel, employé
       enlève ainsi complètement le soufre. Le sul­  aujourd’hui à Marseille dans plus de vingt
       fure de carbone qui sort de l'appareil de la­  usines et dont le système a été souvent imité
       vage, est saturé de soufre, car il en renferme   sans jamais pouvoir être surpassé, se com­
       près de 30 pour 100. Cette dissolution de   pose (fig. 396) de deux chaudières de fonte
       soufre dans le sulfure de carbone est ensuite   superposées, A et R, dont le fond est très-
       distillée dans un alambic. Le sulfure de   épais et qui sont mises en communication
       carbone, liquide très-volatil, passe dans le   l’une avec l’autre au moyen d’un tube de
       récipient, et sert à de nouvelles opérations.   fonte a a. Le soufre brut placé dans la
       La matière restée dans l’alambic est du   chaudière A, fond et coule, au moyen du
       soufre pur ; il n’y a plus qu’à le couler dans   tube, a <7, dans la chaudière Ij. Là, il se ré­
       des moules.                               duit en vapeurs, par l’action du foyer, et
         La grande quantité de combustible exigée   ces vapeurs pénètrent dans une vaste cham­
       pour cette opération, les pertes de sulfure de   bre, G, qui est bâtie en maçonnerie de bri­
       carbone pendant la distillation, enfin les |  ques. Au commencement de l’opération, la
       dangers auxquels ce liquide vénéneux expose   chambre étant froide, les vapeurs de soufre
       les ouvriers, sont autant d’inconvénients   se condensent sous forme pulvérulente, et
       qui ont empêché ce procédé, très-rationnel   constituent du soufre en poudre, que l’on
       au point de vue chimique, de prendre de   nomme vulgairement fleurs de soufre, pour
       l’extension.                              désigner la pureté extrême de ce produit. On
                                                 recueille les fleurs de soufre en balayant les
                                                 quatre parois de la chambre.
                                                   Quand la distillation a duré quelques jours,
                    CHAPITRE IV                  les parois en maçonnerie de la chambre
                                                 ont fini par s’échauffer, ainsi que l’intérieur
       LE RAFFINAGE DU SOUFRE. — APPAREIL DE MICHEL EM­
                                                 de la chambre. Toute cette capacité est par­
         PLOYÉ A MARSEILLE POUR LA DISTILLATION DU SOUFRE.
                                                 venue à une température supérieure à celle
         — APPAREIL LAMY. — APPAREIL DISTILLATOIRE ALLE­
                                                 du soufre en fusion, qui est de 111 degrés.
         MAND.
                                                 Alors le soufre ne peut plus se condenser
         Le soufre brut, tel qu’il arrive de Sicile,   sous forme solide et pulvérulente. Les va­
       est employé en cet état pour le soufrage de   peurs se condensent à l’état liquide, et ce
       la vigne et pour la préparation de l’acide   liquide coule à la partie inférieure de la
       sulfurique; mais pour les autres usages   chambre, constituant une couche de soufre
       auxquels on le consacre dans l’industrie,   fondu, D'. Quand on veut recueillir le soufre,
       il doit nécessairement être purifié.      on débouche une ouverture que tenait fer­
         La distillation est le seul moyen de puri­  mée une tige de fer, D, et l’on recueille le
       fier le soufre. Un fabricant de Marseille,   soufre fondu dans un bassin, E, qui est
       nommé Michel, est l’inventeur de l’appareil   chauffé, pour maintenir la matière à l’état
       qu’on peut appeler classique, tant il s’est   liquide.
       généralisé chez toutes les nations manufac­  Pour donner au soufre la forme de bâtons
       turières de l’Europe. Il est si bien conçu que   ou de cylindres, qui constitue ce que l’on
       c’est à peine s’il a fallu le modifier dans   nomme les canons de soufre, on puise, avec
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