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642 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
dans la péninsule de Sabioncello, et dans principale de la production du sel marin.
les îles d’Arbe et de Pago. 11 existe enfin de Mais l’Océan en fournit aussi une certaine
vastes salines dans le golfe de Trieste, près quantité.
de Pirano et de Capo d’Istria. Sur les côtes anglaises et écossaises, on
Dans les marais salants de ce dernier met en pratique un procédé qui ressemble
groupe, c’est-à-dire en Istrie, on donne au beaucoup à celui de nos sauniers d’Avran-
jeu évaporatoire une disposition qui n’est ches, en Normandie. On recueille les sables
pas semblable à celle que nous avons figu mouillés par l’eau de mer, et à la surface
rée pour la France et le Portugal. C’est ce desquels le sel marin est venu s’effleurir par
qui nous engage à le représenter par le l’évaporation. On choisit une certaine lon
dessin. gueur de la côte, disposée de telle manière
La figure 384 donne le plan d’un ma que les hautes marées seulement viennent
rais salant de l’Istrie (Autriche). Sa forme, la couvrir. D’autres fois, on élève des mon
comme on le voit, est celle d’un rectan ticules de sable artificiel, pour les faire bai
gle. Sa superficie est considérable : elle gner par la marée ordinaire. Dans tous les
est de 10,000 mètres environ. Des digues D cas, on lave ces sables avec de l’eau de mer,
limitent l’ensemble des bassins. L’eau de et on obtient une dissolution saturée de sel
mer s’introduit par le conduit E, et pénètre marin, que l’on évapore dans des chaudières
dans un large réservoir FF, qui entoure com semblables à celle que nous avons décrite
plètement les bassins évaporatoires. Après en parlant des salines de l’est de la France.
s’être clarifiée par le repos dans ce réser
voir, elle pénètre, quand on ouvre les van Dans la Russie méridionale, en Crimée,
nes, dans six vastes bassins H, H,H, où elle se on met à profit certains bassins naturels qui
concentre. Au bout de quelques jours, on existent aux embouchures des fleuves dans
ouvre les vannes o, et on fait pénétrer l’eau la mer Noire. Par l’action des vents persis
dans une rigole, qui l’amène dans des bas tants qui soufflent en hiver, ces bassins se
sins plus petits M,N, au moyen de vannes remplissent d’eau de mer. L’été venu, ces
o,o. Ayant déposé dans cette série de bassins réservoirs accidentels d’eau salée se con
le sulfate et le carbonate de chaux, l’eau centrent, et finissent par se dessécher entiè
est amenée, au moment de cristalliser, dans rement. Vers la fin de juillet, on enlève ce
les tables salantes P, P. sel à la pelle, et on l’entasse sur les bords
Quand est arrivé le moment de récolter le du fleuve.
sel, on ouvre la vanne o, et l’on fait écouler Ce travail est pénible et dangereux, car
les eaux mères dans la portion R du canal de les ouvriers courent souvent le risque d’être
ceinture, qui conduit ces eaux à la mer. engloutis dans le limon mouvant qui forme
Chaque table salante est pourvue d’une le fond de ces bassins, et que recouvre une
citerne couverte, qui sert à recevoir les couche de sel de quelques centimètres à
eaux prêtes à cristalliser lorsqu’il survient peine d’épaisseur.
une pluie qui compromettrait la récolte.
Pour être complet dans cet exposé des
En Angleterre, les marais salants propre moyens d’extraire industriellement le sel
ment dits sont inconnus. des eaux de la mer, nous devons mentionner
Les mines de sel gemme, ou plutôt d’ar l’extraction du chlorure de sodium de ces
giles salifères, traitées comme nous l’avons eaux par l’action de la gelée. Dans les pays
dit en parlant du sel gemme, sont la source dont le climat est très-froid, comme la Si