Page 570 - Les merveilles de l'industrie T1
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566                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

                      que la couche de sel renferme des bancs   la revue des mines de sel exploitées par la
                      d’argile intercalés, peuvent empêcher l’eau   méthode des sondages, il nous reste à par-
                      douce d’arriver au contact du sel et de se  j 1er de l’exploitation des mines de la Grande-
                      saturer. Dans ces différents cas, on est forcé   Bretagne.
                      d’abandonner le sondage. Ajoutons que les   11 existe dans le comté de Worcester une
                      trous de sonde rendent très-difficile une ex­  couche puissante de sel gemme, placée tntre
                      ploitation ultérieure par des travaux sou­  les bancs de marne qui sont situés au-dessus
                      terrains.                                 du grès rouge. A Stoke-Prior, on peut ex­
                                                                traire le sel par abatage comme à Wieliska
                        L’eau salée évacuée par les pompes et   et à Cardone ; mais, dans la plupart des lo­
                     venant du trou de sonde, est généralement   calités de cette contrée, le gisement salin est
                     trouble. Avant de l’envoyer aux chaudières,   surmonté d une nappe d’eau, qui lave la sur­
                     il faut la laisser reposer dans des réservoirs,   face du sel, de sorte qu’en pratiquant des
                     pour qu’elle se clarifie.                  trous de sonde, on recueille de l’eau salée
                        Les eaux salées extraites par les pompes   d’une densité de 1,2, c’est-à-dire presque sa­
                     et clarifiées par le repos, sont assez pures.   turée de sel. On fait évaporer cette eau dans
                     Elles renferment, mêlés au chlorure de so­  de grandes chaudières plates, chauffées à la
                     dium, un peu de sulfate de soude, de chlo­  houille et n’ayant que 30 à 40 centimètres
                     rure de calcium et de magnésium, quelque­  de profondeur pour 7 mètres de côté. Le sel,
                     fois du sulfate de chaux, mais ce dernier   obtenu par une évaporation rapide, donne
                     sel, qui n’est autre chose que le plâtre, est   des cristaux très-fins, que l’on transforme
                     fort peu soluble dans l’eau. On extrait le   en pains en les comprimant dans des moules
                     sel marin de ces dissolutions en les évapo­  de forme cubique.
                     rant dans d’immenses chaudières. Comme       Ces blocs ainsi préparés sont vendus dans
                     les quantités d’eau évaporées sont considé­  toute l’Angleterre pour les usages domesti­
                     rables, il faut que les chaudières soient dis­  ques. Le sel qui résulte de l’évaporation plus
                     posées de manière à tirer le plus grand parti   lente, déterminée par la chaleur perdue des
                     possible du combustible.                 ; foyers dans l’opération précédente, affecte
                        Nous donnerons, dans le chapitre sui­ , la forme de gros cristaux, et constitue un
                     vant, la description des appareils évapora-   produit de qualité inférieure. Enfin le sel
                      toires employés aujourd’hui dans les salines   qui encroûte peu à peu les parois des chau­
                      de France, d’Angleterre et d’Allemagne, et   dières, forme des plaques solides que l’on
                      qui sont les mêmes, qu’il s’agisse d’évaporer   brise à coups de marteau, et que l’on con­
                      les eaux extraites de l’intérieur des mines   naît dans le commerce sous le nom de pan-
                      de sel ou les eaux qui coulent naturellement   scale.
                      des sources salées.                         Les salines de Stoke-Prior sont en activité
                                                              i depuis 1725 ; on en tire environ 60,000
                        Les mines de sel de Duremberg et celles   tonnes de sel par an.
                      de Salzbourg (en réunissant sous ce nom     Dans le Staffordshire, à Shirleywich et à
                      commun celles de Hallein, de Gmunden,  I Weston, les mêmes couches de sel gemme
                      d’ischl et de Hallstadt), d’une part, et d’au­  sont exploitées de la même manière; mais
                      tre part, celles de la Lorraine, donnent  । les usines ne fournissent qu’environ 10,000
                      les types des deux méthodes d’exploitation  i tonnes par an.
                      du sel gemme par dissolution et par sondage,   Les mines de sel du Cheshire, si célèbres
                      que nous venons de décrire. Pour terminer   non-seulement en Angleterre, mais dans
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