Page 566 - Les merveilles de l'industrie T1
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5f>2                  MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.


                      1ère d’Hallein, après avoir reconnu, par des   des eaux salées. C’est ce qui explique la
                     sondages ou des galeries de recherche, les   curieuse disposition des mines de sel de
                      pointsles plus avantageux pourl’exploitation,   Hallein, situées, comme nous l’avons dit,
                     on ouvre les galeries et les chambres desti­  dans le district de Salzbourg, en Autriche.
                      nées à devenir des ateliers de dissolution.   Les mines de sel de Salzbourg se trou­
                     Quand on a creusé les galeries et les cham­  vent dans la montagne, à une lieue au-des­
                      bres, on y introduit de l’eau douce provenant   sous de la ville. Avant d’y pénétrer on revêt
                      de la surface du sol, et l'on maintient cette |  par-dessus ses vêtements, un costume, con-
                      eau, au moyen d’une digue, à la hauteur de   sistant en un pantalon et une veste de grosse
                     50 centimètres environ. Cette eau ronge les   toile blanche, avec une ceinture de cuir
                      parois des piliers des chambres et les élar­  épais. De la main gauche on tient un flam­
                      git. On augmente peu à peu le volume      beau, et la main droite est pourvue d’un
                      d’eau, et l’on finit par attaquer de cette ma­  gant de cuir(fig. 351). Écoutons maintenant
                      nière le plafond, en élevant successivement   la description donnée par un auteur con­
                      la digue jusqu’au-dessus de son niveau. Le   temporain, de l’intérieur de ces mines :
                      sel se dissolvant, les roches dont il est mé­
                                                                  « On parcourt d’abord, dit M. H. Villain, une ga­
                      langé se désagrègent et tombent au fond
                                                                lerie liante de six pieds, où les parois de rocs hu­
                      du lac.                                   mides laissent voir, de temps à autre, de larges
                        Lorsque l’eau est arrivée à contenir 25   veines de sel blanc et rouge. Dans le lointain, on
                                                                entend le murmure de l’eau et l’on cherche vaine­
                      pour 100 de sel, on vide complètement ce
                                                                ment à distinguer si c’est quelque ruisseau au-
                      lac artificiel, pour le remplir de nouveau,   dessus de sa tête, ou un écoulement souterrain. Le
                      après avoir nettoyé le fond, qui est tou­  premier guide s’arrête, ouvre une espèce de trappe,
                                                                et découvre aux regards un gouffre dont il ne sert
                      jours encombré par les argiles délitées.
                                                                à rien de vouloir percer la profondeur, et qui sem­
                      L’eau chargée de sel est conduite, par une   ble descendre, noir, étroit et rapide, dans les en­
                      galerie d’écoulëment, dans les chaudières   trailles de la terre. Une forte corde y est suspendue
                                                                le long d’une poutre glissante, inclinée à 45° : c'est
                      éyaporatoires.
                                                                le rutsch, ou glissoire, établi au-dessus des diffé­
                        Comme l’action dissolvante de l’eau     rentes chambres à sel qui se trouvent dans la mine.
                      s’exerce très-lentement, il faut, pour entre­  Il y a bien, dans chaque chambre, un petit escalier
                      tenir le travail continu des chaudières éva-   taillé dans le roc; mais il est si humide et si glis­
                                                                sant, qu.’il ne peut servir qu’aux pieds exercés des
                      poratoires, avoir un assez grand nombre de
                                                                mineurs.
                      lacs. La mine de Duremberg, près Merse­     « Cette poutre, large à peu près d’un pied, n’est
                      bourg, en Saxe, renferme trente-trois lacs   destinée à rien autre qu’à faciliter la descente dans
                      salés, qui peuvent contenir en moyenne,   cette espèce d’abîme. C’est sur elle que le guide
                                                                vous invite gracieusement — si un guide allemand
                      20,000 mètres cubes d’eau.                peut être gracieux — à vous asseoir ou plutôt à
                        Le temps exigé pour la saturation est très-   vous coucher, puis vous montre la manière dont il
                      variable. De petits lacs sont saturés au bout   faut enlacer la corde de la jambe droite et de la
                                                                main gantée, pour maîtriser la descente ; il vous
                      d’un ou de deux mois, et on les remplit
                                                                place sur les bords de la glissoire, et vous pousse au
                      cinq ou six fois par an ; d’autres ne sont vi­  fond de l’antre en vous souhaitant un bon voyage.
                      dés qu’une fois l’an. Les plus grands ne sont   Tenant d’une main la corde protectrice et de l’autre
                      même saturés qu’au bout de deux ou trois   le flambeau et recommandant son âme à Dieu, on
                                                                descend, avec, une rapidité vertigineuse, cetle mon­
                      années.
                                                                tagne russe d’un nouveau genre.
                        Ce genre d’exploitation par dissolution   « On se sent ravi d’aise en touchant la terre ferme.
                      nécessite dans les travaux souterrains un   Après avoir marché dix minutes en ligne droite, on
                                                                tourne et ou enfile une nouvelle galerie, au bout de
                      niveau supérieur pour l’entrée des eaux
                                                                laquelle on voit luire une, deux, puis cent lu­
                      douces, et un niveau inférieur pour la sortie ’  mières. On s’approche rapidement et on se trouve
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