Page 568 - Les merveilles de l'industrie T1
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564                  MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

                      dans des galeries remplies d’eau qui ne sont jamais   s la soupape, ou clapet, de la pompe aspi­
                     visitées par les étrangers, à cause du danger que l’on   rante.
                      peut courir, et aussi, il faut bien le dire, à cause du
                                                                  On fait arriver de l’eau douce entre la sur­
                      déplaisir que ces visites curieuses donnent en gé­
                      néral aux mineurs.                        face extérieure des tuyaux et les parois du
                       « Les guides ont bien soin de ne pas vous préparer   troti de sonde, c’est-à-dire dans la partie ee.
                     à celte magnifique sortie. Il faut leur en savoir gré,
                     car l’inrpression que l’on reçoit à la vue de la na­  Cette eau pénètre jusqu’au gisement du
                     ture rayonnante, alors qu’on se croit encore plongé   sel, se charge de chlorure de sodium et
                     pour longtemps dans les entrailles de la terre, est   gagne le fond du trou de sonde, là où se
                     encore plus agréable et plus inattendue que toutes
                     celles causées par celte excursion (I). »  trouve l’extrémité inférieure de la colonne
                                                                de tuyaux. Si l’on a deux ou plusieurs trous
                        Exploitation du sel gemme par des trous   de sonde, l’un des tuyaux peut être utilisé
                     de sonde. — L’exploitation du sel gemme    par de l'eau douce, l'autre pour l’extraction
                                                               de l’eau salée par la pompe.
                     par des sondages, à l’intérieur desquels on
                     introduit de l’eau douce, pour en retirer,   Supposons, toutefois, que le même fo­
                                                               rage doive servir à l’introduction de l’eau
                     au moyen de pompes, l’eau chargée de sels,
                                                               douce et à l’évacuation de l’eau salée.
                     est le système qui tend à prévaloir au­
                                                              | Comme l’eau salée est plus dense que l’eau
                     jourd’hui dans le plus grand nombre des
                     gisements de sel.                         douce, elle gagne le fond du trou de sonde;où
                       Voici l’outillage qui sert pour la mise en   se trouve la colonne inférieure de tuyaux,
                                                              ’ et cette colonne se remplit ainsi d’eau salée.
                     pratique de cette méthode.
                                                               Mais cette eau salée, ne s’élèverait pas jus­
                       On commence par effectuer un sondage
                     avec le matériel ordinaire des foreurs de   qu’au sol. D'après le principe physique des
                                                               vases communiquants, elle doit s’arrêter à
                     puits artésiens (2). Ensuite, on introduit dans
                     le trou vertical, des tubes de cuivre,, formés   une certaine distance de la surface du sol,
                     de plusieurs parties réunies au moyen de   à une distance telle que la hauteur de la
                     vis. La colonne de tuyaux est suspendue   colonne salée fasse équilibre à la hauteur
                     à une poutre fixée dans une maçonnerie,    de la colonne d’eau douce. La densité de
                     et elle pénètre jusqu’au bas du forage.    l’eau pure est de 1, et celle de l’eau saturée
                       Cette colonne de tuyaux de cuivre, qui est   de sel de 1,20 environ. Dans un forage
                     un peu plus large dans les 30 mètres supé­  d’une profondeur de 200 mètres, la colonne
                     rieurs que dans la partie inférieure du    d’eau douce ayant, par conséquent, une
                     canal, constitue, dans sa partie supérieure,   hauteur de 200 mètres, la colonne d’eau
                     le cylindre d’une pompe destinée à faire   salée s’élèvera dans le tuyau à une hauteur
                     arriver l’eau salée à la surface du sol, et   de 166 mètres seulement, en vertu de la
                                                               différence de densité de ces deux liquides,
                     dans sa partie inférieure, le tuyau plongeant
                     dans les eaux à évacuer.                  différence qui est dans le rapport de I : 1,20.
                       La figure 352 montre la disposition du   La colonne d’eau salée s’arrêtera par con­
                     tuyau, dont la partie supérieure fait fonc­  séquent à 34 mètres au-dessous de la sur­
                     tion de pompe élévatoire. AB est la ma­   face du sol, et il faudra, pour l’amener au
                     çonnerie à laquelle est suspendu le tuyau   jour, une action mécanique. Tel est le rôle
                     cd, au moyen d’une saillie ab. P est le piston,  de la pompe aspirante que l’on place à l’en­
                                                               trée du trou de sonde.
                       (1) Histoire d'un grain de sel, un vol. in-12. Paris,   L’eau douce qui pénètre dans le trou de
                     18 9, pages 47-50.
                                                              i sonde, est de l’eau pure, de source ou de ri-
                       (2) 1 oir dans le tome IVe des Merve lies de la science
                     la Notice sur les Puits artésiens, chap. M (p. 547-559).   I vière. On la fait arriver dans un bassin qui
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